Tout le monde s’attend à être transitoirement perturbé après une anesthésie générale, mais une nouvelle étude montre qu'il pourrait y avoir des effets plus durables sur la mémoire et les fonctions intellectuelles, même chez les personnes d'âge moyen.
Dans le passé, plusieurs études ont montré un impact de l'anesthésie sur le déclin cognitif des personnes âgées, mais une nouvelle étude publiée dans la revue Anesthesia apporte quelques arguments pour dire qu'elle pourrait également affecter les personnes d'âge moyen.
Une étude prospective à la cinquantaine
Dans cette étude, les chercheurs ont étudié 964 personnes, d’âge moyen (54 ans), suivies dans le cadre d'une cohorte, le Wisconsin Registry for Alzheimer's Prevention (WRAP).
Chaque participant a été soumis à deux tests d'évaluation cognitive sur les quatre ans de suivi pour voir si un groupe était plus susceptible de connaître un déclin cognitif ou une altération de la mémoire.
Un doublement du risque
Sur les 670 personnes qui avaient une mémoire normale au début de l'étude, celles qui ont eu une intervention chirurgicale avec anesthésie générale au cours des 4 ans de la période d'étude étaient presque deux fois plus à risque de montrer des signes d’altération de la mémoire par rapport à celles qui n'avaient pas eu d'intervention chirurgicale.
Au total, 21 des 114 personnes opérées (18,4%) ont développé des troubles de la mémoire après l’anesthésie. Ce chiffre est significativement plus élevé que les 56 participants sur 556 (10,1%) qui ont développé une mémoire anormale et n'ont pas subi de chirurgie (p=0.02).
Des résultats à pondérer
Dans l'ensemble, les auteurs ont constaté que les personnes qui avaient eu une chirurgie étaient plus susceptibles d'avoir une mémoire altérée et des problèmes des fonction intellectuelles exécutives (fonction cognitives exécutives), bien que les changements de mémoire soient assez faibles.
Ces résultats suggèrent que les personnes de la cinquantaine qui doivent avoir une intervention chirurgicale et une anesthésie générale sont plus à risque d'avoir de leurs tests neuropsychologiques sur la mémoire et les fonctions exécutives. Mais les auteurs de l'étude remarquent que si la différence est très significative, en raison de la grande taille de la population étudiée, la différence réelle est très faible et n’impacte pas réellement la vie des personnes concernées.
Un élément à prendre en compte
Cette étude confirme donc ce que les médecins observent en pratique de tous les jours : un impact certain de l'anesthésie générale mais pas de drame. Par contre, on peut se poser la question de l’effet d’anesthésies générales répétées. La recherche anesthésique progresse cependant et les différentes techniques utilisées visent à mieux équilibrer le malade tout au long de l’intervention.
Ces résultats doivent encore être confirmés dans d’autres études, mais d’emblée pose la question du choix préférentiel de l’anesthésie locorégionale lorsque cela est possible