Politique quand tu nous tiens… En contredisant, cette semaine, sa ministre de la santé, Christophe Castaner va probablement s’attribuer les voix des viticulteurs et des alcooliques. Mais provoquer la colère des médecins qui se battent quotidiennement contre ce fléau.
Désinformation
Agnès Buzyn est certes ministre de la santé, mais elle reste avant tout médecin ; un excellent d’ailleurs. En déclarant début février que le vin était « un alcool comme les autres », elle ne faisait que dire une vérité qui apparemment dérange. Pourtant ce n’est pas le taux d’alcool du breuvage qui compte mais la quantité d’alcool consommée. Les dégâts d’un verre de vin, quel qu’il soit, d’un demi de bière ou d’une dose de whisky sont les mêmes puisqu’ils apportent la même dose d’alcool… Et l’importance de ses dégâts sont proportionnels à la quantité quel que soit le breuvage.
Castaner reprends les vieux arguments éculés, qui ont conduit, il y a quelques années, quelques professeurs de médecine – de régions viticoles bien évidemment… - de vanter les vertus thérapeutiques du vin. Vites remis en place par leurs confrères.
Les bordelais ont fait plus fort en faisant de leur vin régional un médicament contre le cholestérol. Là ce sont les bourguignons qui se sont chargés de les remettre à leur place…
Les deux « terroirs » seront sans doute ravis par l’étude publiée en fin de semaine, qui prétend que deux composants du vin seraient efficaces dans la lutte contre les bactéries responsables des caries et de la plaque dentaire.
Pourquoi pas mais on peut aussi tuer une mouche sur son front avec un violent coup de marteau ; ça marche mais avec une fracture du crane en prime…
Tordre le cou aux fausses légendes
L’alcool et le tabac restent les deux grands tueurs de la planète. Et sans doute, malheureusement pour des années. Avec un coût pour la société, qui dépasse largement les taxes récoltées et les emplois menacés.
L’alcool n’est pas un stimulant, mais ralentit l’activité du cerveau. C’est même pour cela qu’il provoque des accidents de voiture. La gaieté et l’excitation qui suivent l’absorption d’alcool sont donc des leurres. De la même façon, il faut se méfier des apéritifs qui traînent, ou des “pots” au bureau. Boire sans manger rend ivre beaucoup plus vite. Également boire pour se réchauffer est une hérésie. On ressent certes une impression de chaleur car l’alcool provoque une augmentation du rythme cardiaque et de la tension artérielle. Malheureusement, cette réaction abaisse la température du corps. En fait, l’alcoolisé résiste moins longtemps au froid... On comprend pourquoi le Saint-Bernard avec son petit tonneau de rhum sous le collier avait le même effet pour les disparus dans la neige qu’une rafale de mitraillette. Les légendes ont la vie dure... Tout comme celle qui prétend que l’alcool conserve. C’est vrai que l’on conserve les cerises dans l’eau de vie et les viandes en les fumant. De là à en tirer des arguments pour boire et fumer, il y a un pas dangereux !
Pour en revenir au rôle soi-disant protecteur de l’alcool, ce sont des études américaines qui ont montré que le risque d’infarctus, par exemple, est moins élevé chez ceux qui consomment un peu d’alcool chaque jour que chez les adeptes de la sobriété. Toutefois, d’abord, il ne s’agit que d’une faible diminution, ensuite le risque de dérapage, donc d’alcoolisme, semble plus important que la protection.
Quant à la limite de consommation au delà de laquelle on est proche de l’alcoolisme chronique, elle se calcule par semaine : l’alcoolisme commence au dessus de 14 verres de vin dits “standards” hebdomadaires pour la femme et 21 pour l’homme.