La chirurgie de l’obésité est très en vogue. En France, le nombre personnes qui ont franchi le pas est passé de 2 800 en 1997 à 59 300 en 2016. 80% de femmes ; entre 25 et 54 ans.
On l’ appelle aussi - vous lirez souvent ce nom incompréhensible - chirurgie bariatrique. Elle a eu, pendant longtemps, une très mauvaise réputation, surtout chez les médecins, tirant son image sulfureuse de sa pratique dans des officines douteuses et de quelques accidents graves pendant ou après l’intervention. L’opinion a changé, en raison du nombre de plus en plus important d’obésités dramatiques impossible à réduire, dont on sait qu’elles mettent de façon certaine la vie en danger; et surtout les résultats très vite excellents. Les lettres de noblesses sont arrivées avec sa pratique dans des services de chirurgie digestive de pointe.
La technique a, elle-aussi, évolué.
Il existe plusieurs types d’intervention, assez simples, mais qui restent de vrais actes de chirurgie, pour empêcher une prise alimentaire trop importante. Toutes résultent de la logique la plus élémentaire.
La première pratiquée a consisté à diminuer la capacité de l’estomac, d’environ un tiers, par la pose d’un « anneau gastrique », pour accélérer la sensation de « remplissage ». L’anneau est relié à une capsule fixe située sous la peau, ce qui permet de régler la taille du rétrécissement. Cette technique est aujourd’hui de moins en moins pratiquée (moins de 4% en 2016 selon l’étude contre 54% dix ans plus tôt.
Elle va disparaître au profit d’une intervention qui consiste à retirer les deux tiers de l’estomac et de faire, avec le reste, une sorte de tube.
Enfin il existe une technique, difficile à réaliser par rapport aux autres, mais dont les résultats sont encore plus spectaculaires et que l’on réserve aux très grosses obésités. Elle consiste à réaliser une dérivation intestinale, un « by pass », ce qui signifie qu’on court-circuite l’assimilation de certains aliments au niveau de l’intestin en accélérant leur circulation.
Ces interventions se font à partir d’un simple petit trou, durent de 1 à 3 heures, et sous anesthésie générale.
Des résultats sont spectaculaires… mais au prix de quelques désagréments
La perte de poids peut aller jusqu’à 40%, mais les complications assez fréquentes. On évoque le chiffre de 10% , la plupart liés à l’anesthésie, car cela reste un acte chirurgical pas anodin. S’ajoute une surveillance à long terme, toute la vie, pour tenir compte des carences, surtout en vitamines, que cette digestion trop rapide provoque.
Toutefois la légitimité ne se discute plus, aujourd’hui, en cas d’obésité sévère et cette chirurgie, initialement conçue comme une simple modification modulant l’apport ou l’absorption des calories, entraîne aussi une amélioration spectaculaire de la sécrétion de certaines hormones Elle produit donc des effets bénéfiques insoupçonnés au départ et bien au-delà de l’amaigrissement.
Un traitement du diabète ?
Par exemple dans le diabète, où plus de 80% des malades ont un excès de poids, et plus d’un tiers sont obèses. Chez ceux-ci, malgré le traitement médical classique, la moitié décèdent d’une maladie de coeur et environ 1⁄4 d’un accident vasculaire cérébral, ce qui témoigne du niveau d’échec des médicaments. Un des meilleurs spécialistes mondiaux, le professeur Philip SCHAUER, de Cleveland aux Etats-Unis, parle d’un véritable changement de paradigme : « Depuis plus d'un siècle, le traitement du diabète chez les obèses se faisait par des comprimés et des injections. On vient de démontrer indiscutablement que cette chirurgie peut être beaucoup plus utile». Traduction immédiate, la mortalité diminue de 92% et dans 81% des cas et ce diabète disparaît en moins de 2 ans. Avec près de 60 000 interventions réalisées en 2016, la France est, en volume, le deuxième pays au monde, loin derrière les Etats-Unis avec où sont effectuées plusieurs centaines de milliers d’intervention chaque année. L’exemple de certaines personnalités, comme le footballeur Diégo Maradona ou quelques acteurs célèbres, a fait beaucoup plus pour la popularité de cette chirurgie que tous les congrès de médecine du monde, mais attention cependant, il faut modérer l’enthousiasme, cette chirurgie ne se conçoit que pour des personnes présentant des obésités sévères, ce qui est simple à vérifier.