Chaque vague de froid véhicule sa part de drame : des sans-abris trouvés sans vie au petit matin d’une nuit glaciale, des milliers de Français qui souffrent de conditions d’habitat précaires, la vieillesse qui fait mauvais ménage avec l’amplitude thermique. Chaque année, l'hiver est le théâtre de nombreux drames.
Combien de personnes sont concernées par la lutte contre le froid ?
Personne n’est à l’abri d’une engelure ou d’une chute. Mais il est vrai que la situation peut devenir catastrophique chez les gens défavorisés. Selon la 23e édition du rapport annuel sur L’État du mal-logement de la Fondation Abbé Pierre, la France compterait 4 millions de personnes mal logées ou privées de domicile, tandis que 12 millions voient leur situation fragilisée par la crise du logement
La France compterait, sous la menace du froid :
- 100 000 sans domicile fixe
- Plus de 500 000 personnes vivant dans des habitations de fortune
- Deux millions de personnes vivant dans des conditions de logement très difficiles
Pourquoi frissonne-t-on lorsqu’il fait froid ?
Notre chaudière personnelle n’est pas un vulgaire chauffage, mais une centrale ultra sophistiquée programmée pour garder notre température entre 36,5 et 37,5. La régulation thermique dépend d’une zone située au milieu de notre cerveau. Si notre température baisse, cette zone envoie des signaux nerveux à nos muscles pour d’abord effectuer une horripilation (terme scientifique désignant la "chair de poule"), puis une contraction, c’est ce que l’on appelle "frissonner de froid".
A quoi servent ces frissons ?
Le but de ces frissons est de produire de la chaleur grâce à nos muscles. Pour se chauffer en cas de froid, ou pour l’évacuer en cas de fièvre. A l’inverse, si la température s’élève, les signaux nerveux donneront l’ordre de dilater les vaisseaux sanguins pour perdre de la chaleur, ce qui a pour conséquence de faire rougir et de déclencher la sudation. C’est donc aussi stupide lorsque l’on sort en hiver de se couvrir exagérément de couches de vêtements que d’aller frimer en T-shirt.
Comment s'habiller lorsqu’il fait froid ?
La tenue idéale, c’est à la fois celle qui nous empêche de frissonner – car si l’on continue de frissonner, c’est que l’organisme souffre – et celle qui ne provoque pas de sueurs.
Attention au crâne des tous petits. Lorsqu'il fait froid, sortir un enfant tête nue s'apparente à fair sortir un adulte torse nu. La surface de la tête chez le tout petit est en effet proportionnellement beaucoup plus importante que celle de l'adulte. Et pourtant, on croise toujours de ces enfants certes bien emmaillotés au fond d'une poussette mais… sans bonnet ! Ce qui équivaut à sortir le grand père torse nu. Ce que personne ne laisserait faire. Le froid est dangereux, les enfants et les personnes âgées sont plus vulnérables que les adultes, notamment parce qu'ils ont la peau moins épaisse.
Faut-il protéger la peau des zones exposées ?
Il faut porter des gants. Certaines réactions sur le visage sont cependant normales et personne n’y échappe : démangeaisons, sécheresse de la peau, lèvres fendillées. Les engelures et toutes les douleurs dues au froid sont par contre anormales et doivent être traitées comme des brûlures.
Comment savoir s’il s’agit d’une engelure ?
Si bébé lors d'une promenade particulièrement froide se plaint de douleurs aux mains, aux pieds, au nez, aux joues et aux oreilles, il faut avoir le réflexe "engelure" et rentrer le plus vite possible pour réchauffer les parties du corps qui sont touchées à l'aide d'un linge ou d'un bain tiède. Surtout ne l'exposez pas à une source de chaleur importante car elle pourrait aggraver l'engelure. S'il s'agit seulement d'une pré-engelure, la douleur s'apaisera rapidement. S'il s'agit d'une engelure confirmée, la douleur va revenir, assez vive, à l'image d'une brûlure.
Cela ne concerne que les tous petits ?
Les adultes n'échappent pas aux méfaits du froid, en particulier les gens âgés qui ont également la peau très fine. Si c'est le cas, celle-ci va d'abord devenir rouge, puis blanche ou grisâtre. Il ne faut surtout pas frictionner. La seule chose à faire est d'utiliser là aussi la chaleur tiède. Celle de son corps d'abord s'il s'agit des mains, puis dès le retour à la maison, le bain. Si la douleur ne cède pas ou si des ampoules apparaissent, l'avis d'un médecin est indispensable.
Est-il dangereux de respirer de l’air très froid ?
Là encore, notre organisme a bien fait les choses. Il faut respirer par le nez. L’air qui rentre dans les fosses nasales est humidifié, purifié par nos poils, mais surtout réchauffé par une quantité impressionnante de petits vaisseaux. D’ailleurs, un bon coup sur le nez permet de vérifier sa richesse en sang.
Comment s’équiper pour se protéger du froid ?
Des vêtements suffisants, des gants, une écharpe devant la bouche, un nez grand ouvert et la nature se charge du reste. Et, quel que soit l'âge - en particulier aux extrémités de la vie - lorsqu'il gèle, il faut respecter quelques règles : éviter les vêtements trop serrés pour que notre circulation sanguine ne soit pas bloquée et puisse jouer son rôle de radiateur interne. Il faut également lutter contre l'humidité qui joue un rôle important, et prendre des vêtements amples et imperméables. Et si la température est inférieure à - 20, ne sortez pas. Il s'agit de températures où très jeunes et moins jeunes n'ont - médicalement parlant - rien à faire dehors.
L’alcool est-il un bon moyen de se réchauffer ?
Les Saints Bernard et leurs tonneaux d’alcool au secours des montagnards égarés seraient des criminels en puissance… Si ce n’était une légende ! Le célèbre chien aurait le même effet, pour les disparus dans la neige, qu’une rafale de mitraillette. L’alcool provoque en effet une impression de chaleur par augmentation du rythme cardiaque et de la tension artérielle. Malheureusement, cette réaction abaisse la température du corps. En fait, l’alcoolisé résiste moins longtemps au froid. Avec l’alcool c’est chaud dehors, froid dedans, puisque l’alcool dilate les vaisseaux de la peau. C’est donc une légende idiote, mais qui a la vie dure.
Le froid et ses vertus thérapeutiques
Froid qui tue, froid qui blesse, mais aussi froid qui soulage. Les amateurs de sport ont découvert avec stupéfaction une sorte de congélateur dans lequel on place les coureurs pour les faires récupérer. La cryothérapie, le soin par le froid, existe pourtant depuis l’antiquité. C'est dans les années 1970 que l'application de vessie de glace ou de spray, commence à être utilisée par les soigneurs dès qu’un de leur poulain prend un coup. La version plus moderne, la cryothérapie en chambre, s’utilise contre le stress, l’insomnie, les rhumatismes, les démangeaisons et certaines maladies de peau comme le psoriasis. Au cours de ces séances, dans une cabine refroidie à moins 110 degrés, pendant une durée très courte, moins de 3 minutes, le corps humain secrète des endorphines, ces substances proches de la morphine que connaissent bien les marathoniens, qui ont pour effet de lutter contre la douleur.
Le froid pour arrêter le cœur
Au début du XXe siècle, les chirurgiens hésitaient à opérer le cœur, tout simplement parce que les battements incessants rendaient le geste chirurgical imprécis. C'est un chirurgien canadien qui, au milieu des années 40, a eu l'idée géniale d'utiliser le froid. Ce spécialiste des marmottes, fut le premier à imaginer qu'en refroidissant tout l'organisme, en réduisant les besoins du corps en oxygène, les battements se ralentiraient suffisamment pour pouvoir arrêter le cœur donc l'ouvrir. Les chirurgiens utilisent d'ailleurs aujourd’hui toujours l'application directe de glace pilée sur le cœur – protégé par un linge – pour arrêter rapidement les battements. Pour redémarrer il suffit de réchauffer.
Le froid au service du SAMU
Mais l’utilisation la plus surprenante des bienfaits du froid nous vient des services d’urgence. S’inspirant des survies miraculeuses de plusieurs minutes lors de noyades dans l’eau glacée, ils proposent désormais des sortes de casques réfrigérants et des substances glaçantes qui, injectées très tôt, permettent d’augmenter la survie du cerveau de plusieurs dizaines de minutes après un arrêt cardiaque. Un progrès immense ; Rien à voir avec Hibernatus, mais il s'agit de la voie de recherche la plus moderne.