Comme l'héminégligence, qui fait que les patients n'ont pas conscience de la moitié de leur corps, le syndrome de Stendhal fait partie des 6000 à 8000 maladies rares recensées dans le monde. Cette maladie psychosomatique provoque des accélérations du rythme cardiaque, des suffocations voire des hallucinations chez certaines personnes exposées à un trop plein d’œuvres d’art.
L'art, le symbole d'un drame intérieur ?
Ce peut-être devant un lieu, un tableau, un paysage... Le syndrome de Stendhal peut également entraîner une perte du sentiment d'identité et du sens de l'orientation, des vertiges, des violentes douleurs à la poitrine, une tachycardie et peut mener parfois jusqu'à la dépression. Le sujet passe d'un état d'exaltation, de sentiment de toute puissance à des attaques de panique et à la peur de mourir. Chez certains, cette maladie dure plusieurs jours et nécessite un traitement en milieu spécialisé.
L'art posséde-t-il une force immense pouvant transmettre une émotion absolue ? Une des spécialistes de ce syndrome estime même que nous sommes tous porteurs du syndrome de Stendhal et que ce phénomène reste pour la plupart d'entre nous diffus. Dans certaines conditions d'intimité, une œuvre d'art fonctionne pour celui qui la regarde, comme le symbole d'un drame intérieur.
Une maladie née du coup de foudre d'un écrivain pour une église
Cette maladie rare porte le nom du célèbre écrivain français qui, pendant la campagne d'Italie en 1817 – la guerre faisait partie à l'époque des distractions littéraires - est tombé amoureux de la beauté d'une église de Florence: "J'étais dans une sorte d'extase. Absorbé dans la contemplation de la beauté sublime, je la voyais de près, je la touchais pour ainsi dire. J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés. En sortant de l'église, j'avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber ".
Cette description de Stendhal, ce sentiment, ce trouble ressenti par l'écrivain voyageur devant les beautés florentines a donné son nom au symptôme, et ce texte constitue l'une des premières descriptions. En 1919 la psychiatre italienne Graziella Magherini a observé et décrit plus de 100 cas similaires chez les touristes de Florence. Depuis, chaque année, une dizaine de personnes sont victimes de réactions incontrôlées devant le "David" de Michel-Ange, la " Venus " de Botticelli ou autres oeuvres d'art.