AIT : sous ce nom, un peu compliqué, se cache la classique attaque de paralysie, sauf qu'il contient le mot transitoire pour insister sur la courte durée de cet accident neurologique, inférieure à 24 heures. Il peut même ne durer que quelques minutes, suffisantes pour faire souffrir le cerveau . Quelques minutes qu'il est essentiel de repérer pour déclencher l'alerte.
Les symptômes de cet AIT sont variables et fréquemment soudains : perte de la vue d’un œil, vue double, difficulté passagère à la parole, paralysie ou – ce qui inquiète moins – engourdissement d’une moitié du corps. Des signes qui doivent entraîner un bilan extrêmement rapide, car une équipe d’urgentistes américains a montré que dans les trois mois qui suivent ce type de problème, 6 à 10% des personnes touchées feront un accident vasculaire cérébral, dont la moitié dans les 48 heures qui suivent l’AIT.
Avec des conséquences redoutables. Un quart de décès et 64 % de séquelles invalidantes.
SOS AIT
L’Île de France dispose d’une organisation unique au monde, mise au point par le professeur Pierre Amarenco à l’hôpital Bichat à Paris : SOS AIT, est un numéro vert à la disposition 24heures sur 24, de 15 000 médecins de cette région, en majorité des généralistes.
Sur un simple appel, toute une équipe hautement spécialisée propose, en cas de doute, une hospitalisation de quelques heures pour vérifier la suspicion d’AIT. Un délai très court, pour déterminer s’il s’agit d’une fausse alerte ou s’il faut traiter en urgence.
Les résultats de cette initiative sont exceptionnels
"L'AIT c'est la fumée du volcan! Il vaut mieux intervenir à ce moment-là, quand les symptômes ont disparu, pour trouver la cause et l'éliminer afin d'éviter l'attaque cérébrale. C'est ce qu'on fait à SOS AIT". Pierre Amarenco, chef du service de neurologie et du Centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale à l’hôpital Bichat, le fait depuis 2003, après avoir créé la première structure française de prise en charge immédiate de l’accident ischémique transitoire.
20 à 30% des AVC sont précédés d’un AIT. Et depuis quelques années, des centres tel que celui de Bichat, dédiés à la prise en charge de l’AIT, se sont multipliés dans le monde. Un registre international dirigé par Pierre Amarenco est paru dans la célèbre revue, le NEJM (New England Journal of Medicine), faisant le bilan de ce type de prise en charge.
TIA registry
Ce registre se nomme TIA registry.org et porte sur près de 5 000 patients dans 61 centres disposant d’une capacité d’évaluation rapide. 21 pays sur 5 continents sont impliqués. A noter l’absence de site aux Etats-Unis et une part européenne d’effectifs importante, près de 50% provient d’Europe. Les patients de ce registre ont été victimes d’un AIT ou d’AVC mineur dans les 7 jours précédents. Près de 90% d’entre eux se sont présentés dans le service dédié dans les 24 heures après l’AIT. Résultats globaux sur tous les centres : diminution de 50% des AVC quand les AIT sont pris en charge dans les 24 heures après les premiers symptômes. Mais dans la clinique SOS AIT de Bichat, ces chiffres passent à 80%.
Après leur publication, certains pays sont passés à l’acte comme le Royaume Uni. 200 cliniques AIT ont alors vu le jour et ont ainsi évité 10 à 20 000 AVC par an. Et d'autres pays se sont équipés : Allemagne, Espagne, Italie, Japon et même Chine, des exemples qui feront, espère Pierre Amarenco, école et convaincront les autorités françaises.
15 à 25 000 AVC évités
Cela signifie qu’en France, on pourrait réduire de 25% le nombre d’AVC et donc éviter entre 15 à 25 000 AVC chaque année.« Pourrait » parce que, bien que l’AIT soit, comme le montre ce registre, une cible thérapeutique idéale de prévention des AVC, seules 3 cliniques SOS-AIT ont vu le jour : à l'hôpital Bichat, mise en place par Pierre Amarenco, à Paris, Toulouse et Lyon.
Economie financière, augmentation de la qualité de vie et surtout épargne impressionnante de souffrance et d’invalidité, font se poser la question de la généralisation de ces cliniques dont il faut toutefois souligner la complexité d’organisation et la disponibilité de l’ensemble de la chaîne des soignants qu’elles exigent.