Ils étaient nombreux, hier samedi soir, les fumeurs, à se plaindre de ne pas avoir pensé à acheter une cartouche pour anticiper la hausse du prix du tabac.
Et pour cause : jeudi 1er mars, le prix du paquet de cigarette a augmenté d’un euro, pour atteindre en moyenne 7,90 euros. Une hausse significative qui se base sur l’efficacité de cette mesure anti-tabac.
Réduction de plus d’un tiers des ventes
1,8 million de Français ont décroché de la cigarette entre 2002 et 2004 grâce à l’augmentation progressive du prix du tabac, selon les chiffres du Figaro, soit une réduction de plus d’un tiers des ventes. Les jeunes seraient les plus sensibles à cette « guerre contre la cigarette », initiée par Jacques Chirac, alors que 90% des fumeurs adultes ont commencé à fumer avant 18 ans.
Aux Etats-Unis, une récente étude de l’université de New York, publiée dans la revue Nicotine & Tobacco Research, vient par ailleurs de prouver que les états qui augmentaient régulièrement le prix du tabac comptaient beaucoup moins de fumeurs que les autres.
La consommation de tabac est ainsi par exemple beaucoup plus forte en Virginie occidentale (26,1%) que dans l’Utah (10,7%), et plus globalement dans les Etats du Sud-Ouest des Etats-Unis que dans les Etats de l’Est.
Mieux encore, l’étude du docteur Omar El-Shahawy prouve également que l’augmentation du prix du tabac fait aussi baisser le nombre de consommateurs de cigarettes électroniques, par exemple beaucoup moins important dans le Delaware (2,7%) que dans l’Oklahoma (10,3%).
Cibles prioritaires
Seule condition : la hausse du prix du tabac doit être conséquente pour être vraiment efficace. « Par exemple, augmenter le prix de 10 % en plus de l'inflation fait baisser les ventes de 5 %», détaille au Figaro Catherine Hill, épidémiologiste de l'Institut Gustave-Roussy.
Dans cette optique, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé vouloir porter le prix du paquet de cigarettes à dix euros d’ici 2020. Les jeunes, les chômeurs, les artisans et les ouvriers, très touchés par le tabagisme, sont les cibles prioritaires de cette politique anti-tabac.
En 2016, 34,5% des 15-75 ans fumaient du tabac en France, dont 28,7% quotidiennement, selon une enquête de Santé Publique France. Et si ces prévalences sont stables depuis 2010, après la hausse observée entre 2005 et 2010, le tabagisme est toujours à l’origine de 73 000 morts par an.
La majorité de ces taxes sont reversées à l'Assurance Maladie afin de compenser en partie les dépenses générées par les maladies liées au tabac. Une "compensation" qui reste bien insuffisante de l'avis des spécialistes de la lutte contre le tabagisme. Les dépenses coûtent encore plus de 2 fois plus cher que les recettes des taxes sur le tabac : pour équilibrer, il faudrait un paquet de cigarette à 20 euros !