Le jeudi 8 mars, c’est à la fois la Journée mondiale du rein et la Journée internationale de la femme. Une coïncidence qui a donné l’occasion à une équipe de scientifique de constater que, sur le plan de l’insuffisance rénale chronique et de la greffe de rein, les femmes sont encore une fois désavantagées.
Les femmes sont plus susceptibles de donner leur rein que les hommes, et plus susceptibles de souffrir des stades les plus graves de l'insuffisance rénale chronique.
Une raison serait parce qu’elles vivent plus longtemps que les hommes atteints d’insuffisance rénale chronique grave et parce qu’elles mettent plus temps pour atteindre le stade imposant une transplantation.
Des insuffisances rénales plus sévères chez les femmes
Dans l'ensemble des pays, environ 12% de la population générale souffre d'insuffisance rénale chronique (IRC), que ce soit du stade le moins grave (stade 1) ou du stade le plus grave (stade 5).
Cependant, les données disponibles suggèrent que le taux d'insuffisance rénale chronique chez les femmes, 14%, est légèrement plus élevé que chez les hommes (12%), alors qu’il y a plus d'hommes que de femmes en dialyse.
Bien que certaines maladies plus spécifiques aux femmes puissent expliquer cette différence, notamment des taux plus élevés d'infections rénales et de maladies auto-immunes (comme la néphropathie lupique), les experts estiment que les retards de diagnostic ou de prise en charge des insuffisances rénales chroniques chez les femmes exposent davantage les femmes à une progression et des complications plus importantes.
Les femmes championnes du don du vivant
Dans les pays à revenu élevé, les données disponibles montrent également que 60 à 65% des receveurs d'une greffe de rein sont des hommes. La plus grande partie de cette différence est due au don du vivant, généralement par une femme de la famille.
Ainsi, alors que les hommes sont beaucoup plus susceptibles de recevoir un rein que les femmes, ils sont moins susceptibles d'en donner un eux-mêmes pendant leur vie. Cependant, si l’on regarde les dons à partir d’un donneur décédé, la différence entre les hommes et les femmes est beaucoup pus faible.
Les femmes plus altruistes
Dans le cadre d’un don du vivant en Europe, il apparaît que 36% des femmes cliniquement aptes vont donner un rein à leur mari. Dans le même temps, seulement 7% des hommes cliniquement aptes vont donner un rein à leur femme.
« Bien qu'il soit difficile de déterminer précisément pourquoi un plus grand nombre d'épouses que de maris sont des donneurs du vivant, les analyses suggèrent que les femmes sont motivées par des raisons telles que l'altruisme et le désir d'aider leur famille à survivre », déclare Adeera Levin, professeur de médecine à l'Université de la Colombie-Britannique, à Vancouver, au Canada.
Les défis de la grossesse en cas d’IRC
Cette journée permet également de réfléchir sur les énormes défis auxquels sont confrontées les femmes souffrant d’insuffisance rénale chronique et qui veulent avoir un bébé. Malgré un risque plus élevé d'accouchement prématuré et de prééclampsie, la conception est possible même sous dialyse.
La prééclampsie, l’infection du placenta et l'hémorragie du post-partum (saignement majeur après l'accouchement) sont les principales causes de lésions rénales aiguës chez les jeunes femmes et peuvent entraîner une insuffisance rénale chronique chez ceux qui survivent.
Lorsque la femme est enceinte, une dialyse quotidienne est souvent nécessaire pour assurer une grossesse à terme, par exemple grâce à une dialyse à domicile. Mais ce sont des coûts qui ne peuvent pas être envisagés ailleurs que dans les pays riches.