Mardi, aux alentours de 16h, une femme de 73 ans est admise aux urgences du CHU de Reims. Elle a les "jambes marbrées", c’est-à-dire avec des marques violacées. Un signe qui ne présage généralement rien de bon, et peut témoigner d'un choc d'après notre consultant médical.
Deux heures plus tard, elle est toujours sur son brancard, sans prise en charge et succombe à une crise cardiaque. Le personnel tente de la réanimer, en vain. Le fils de cette femme, qui résidait à la maison de retraite de Wilson, réfléchit aux suites à donner à cette affaire et envisage de porter plainte afin de comprendre pourquoi aucun médecin n’a pu la prendre en charge à temps.
Une enquête interne au CHU a été menée. Selon les résultats, aucun dysfonctionnement patent n’a été constaté. Plusieurs urgences vitales devaient, en effet, être gérées en même temps, selon un communiqué publié par le CHU de Reims. Ce matin, le chef de service des urgences a déclaré chez nos confrères de RTL que l'affluence était extrême à ce moment-là : "55 malades en 5 heures pour 3 médecins".
L'organisation des urgences du CHU de Reims mise en cause
Même si l’enquête interne de l'hôpital conclue que tout le personnel était à son poste à ce moment et que la chaîne des décisions a été respectée, certains médecins dénoncent leur manque de moyens et leurs conditions de travail. D’abord, les urgences étaient totalement saturées en ce début de semaine. En cause, les pics épidémiques de grippe et de diarrhée aigüe, mais aussi les vacances scolaires.
Cependant, c’était le cas aussi dans les autres établissements de la région… Dans le journal l’Union, un ambulancier témoigne des problèmes aux urgences du CHU de Reims : « Les délais d’attente se sont dangereusement allongés depuis un an, avec la mise en place des nouvelles urgences qui devaient tout révolutionner… Mais, plus ça va et plus ça devient problématique : tout cela au détriment de la santé du patient qui se retrouve pris en otage. »
Il poursuit: « Il n’y a qu’à Reims où l’on rencontre un vrai problème d’organisation des urgences ! À Vitry, Épernay, et même maintenant Châlons, les délais d’attente sont corrects, tout comme pour les hôpitaux de Paris et Nancy. »
Un manque de moyens partout
Bien évidemment, ce décès au sein des urgences ravive le débat autour des conditions de travail du personnel hospitalier. En sous-effectif, avec de plus en plus de travail et de moins en moins de moyens.
En témoignent les récentes manifestations qui ont eu lieu partout en France. En janvier dernier, plus de mille médecins et professionnels de santé ont signé « l’appel des 1000 » afin de dénoncer la crise financière qui frappe le milieu hospitalier.
Il y a une semaine, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a annoncé le dégel de 250 millions d’euros destinés aux établissements de santé publics et privés. Il s’agit de crédits gelés l’année dernière et réclamés depuis par les hôpitaux.