Hépatite C, on ferme ! Voilà un slogan qui va faire rougir de plaisir les épidémiologistes, les cliniciens, les patients … et l’industrie pharmaceutique, tant la résolution de ce problème de santé publique est appelée à devenir un cas d’école.
Il y a en effet beaucoup à a à dire sur cette maladie, sa détection, son traitement et surtout sa guérison… Mieux même ! son éradication … Presqu’un gros mot en médecine tant il est rare.
Or depuis des mois, si les médias sont inondés d’informations sur l’hépatite C, c’est plutôt dans la rubrique financière que dans celle de la médecine.
Le retour du bâton car ce véritable scandale sanitaire en puissance, était la « patate chaude » que se refilait tous les ministres de la santé ces vingt dernières années, sans qu’aucune sortie de crise ne pointe à l’horizon. Et puis est arrivé le médicament magique, mais tant attendu que la facture était plutôt salée…
Une maladie sournoise et silencieuse
Le virus de l’hépatite C, était la « patate chaude » que se refilaient tous les ministres de la santé, depuis plus de vingt-cinq ans. Un scandale larvé qui n’avait jamais éclaté ; pourtant, ce virus était responsable de plus de 4 000 nouvelles contaminations et 2 600 décès chaque année. Plus grave : en France, 400 000 personnes étaient infectées et 120 000 l’ignoraient.
C’est la perspective d’un traitement efficace, mais surtout très coûteux, qui a mis cette maladie à la une de l’actualité.
Il a fallu que l’OMS reconnaisse enfin, il y a plus de 5 ans, la lutte contre l’hépatite C comme une priorité absolue de santé publique, pour que les choses commencent à bouger. Pour autant, cette prise de conscience internationale n’a pas été suivie en France de prises de décisions concrètes. L’épidémie a poursuivi sa progression, se nourrissant du désintérêt des pouvoirs publics. Le silence entretenu autour de ce virus et des personnes qui le vivaient était d’autant plus incompréhensible que l’hépatite C était tout sauf une maladie orpheline : plus de 400 000 personnes vivaient avec au quotidien.
L’hépatite C n’est pas la plus connue des hépatites. Dans cet alphabet morbide, la « A », celle de la jaunisse de notre enfance, la plus fréquente et la moindre grave, bénéficie d’une vaccination. L’hépatite B, celle de l’aiguille et de la transmission sexuelle possède également son vaccin. En revanche, pas de prévention pour l’hépatite C, due à un virus découvert en 1989, et tristement célèbre pour avoir probablement contaminé 500 000 personnes dans notre pays, au hasard des transfusions sanguines des années 80. Ce chiffre de 500 000 n’est d’ailleurs qu’une estimation. Car, dans la plupart des cas l’infection n’entraîne aucun symptôme. Un silence lourd de conséquences : sur 100 personnes touchées par le virus, 20 vont guérir spontanément, les 80 restantes vont devoir vivre dans la hantise de voir survenir soit une cirrhose, pour 20 % d’entre elles, soit pour 3 % un cancer du foie. Quand l’organisme est infecté par le virus C, les manifestations cliniques sont quasiment inexistantes une fois sur cinq ; essentiellement de la fatigue, le plus banal des symptômes.
Une détection très longtemps imparfaite
Toute personne transfusée avant 1992, était à haut risque d’avoir été infecté par le virus de l’hépatite C, et donc en réel danger … Sur les centaines de milliers de Français concernés qui auraient dus se ruer vers les laboratoires d’analyse dès cette annonce, il y a une vingtaine d’années, trop peu sont passés à l’acte.
Pour le dépistage, une simple prise de sang suffit. Il était urgent d’informer le grand public afin qu’il demande au médecin, qui n’y pense pas toujours, de faire le test. Le retard au diagnostic d’une hépatite C diminue ses chances de guérison qui sont réelles.
Cette chape de silence était due essentiellement, à l’époque, à l’absence de traitement et aux inévitables procès que cette situation pouvait susciter
Un traitement efficace dans plus de 9 cas sur 10
Malheureusement pour les malades, l’industrie pharmaceutique, très attirée par ce marché mondial colossal, ne trouvait pas le médicament miracle… Jusqu’à l’arrivée d’un nouveau venu, le laboratoire Américain Gilead, avec un nouveau traitement dont les premiers résultats semblaient hallucinants, tant l’efficacité était aussi incroyable que la quasi inexistence des effets secondaires.
En quelques mois le Solvadi devenait la vedette mondiale des médicaments. A juste titre.
Une addition douloureuse
Un enthousiasme très modérément partagé par l’assurance maladie dont les comptables ont très vite réalisé qu’à plus de 40 000 euros le traitement, l’addition était abyssale. Bras de fer avec le laboratoire qui ne cède pas ou peu, tentation de ne le donner ce médicament qu’aux malades en très mauvais état… La pression des associations de malades, l’incompréhension des médecins, l’alerte de l’opinion publique, ont renversé les digues. Aidés en cela par l’apparition de médicaments concurrents, donc un prix négocié à la baisse.
Le dernier de la famille, le Maviret, a été officiellement autorisé jeudi en France, à l’hôpital mais aussi, pour la première fois, en pharmacie de ville pour simplifier l’accès. Car comme pour tous les médicaments, ce que l’on appelle l’observance, c’est-à-dire la capacité à suivre un traitement, dépend beaucoup des modalités pratiques de sa délivrance.
Reste maintenant à finaliser le dépistage des 50 000 malades qui attendent encore d’être soignées et surtout débarrassées de la maladie. Avec trois comprimés quotidiens pendant 8 semaines, ce traitement est efficace à plus de 90% contre les six formes du virus de l’hépatite C.
Une maladie éradiquée ?
Le coût de ce petit dernier est de 28 000 euros par traitement. Il ne devrait plus beaucoup baisser, non pas par le jeu de la concurrence, mais par la disparition des malades. Parce que la connaissance des modes de transmission, les précautions qu’elle a entraîné et les résultats incroyables des traitements, font que la maladie va probablement disparaître de la surface du globe.
Nous vous le disions, un cas d’école !