7.450 canards de l'élevage vont être abattus « dans les plus brefs délais », annonce la préfecture du Finistère. 11 é00 viennent de l'être aux Herbiers. C'est une comptabilité un peu morbide, mais indispensable... Des dizaines de milliers de canards sont soit abattus, soit confinés. Pour le moment uniquement dans l'ouest de la France, ce qui laisserait penser que la mesure est efficace. Elle a pour but de faire cesser la menace d'une épidémie de grippe aviaire chez ces volatiles, dont il faut répéter qu’elle ne menace absolument pas les humains. La menace est ailleurs...
Pourquoi ces scènes de désespoir qui touchent des éleveurs déjà en situation précaire ? Tout simplement parce qu'il reste dans les esprits des épidémiologistes, ces spécialistes des chiffres en santé et dont le rôle consiste à scruter le passé pour prévoir le l'avenir, le triste souvenir de la grippe Espagnole de 1919, qui a fait 20 millions de morts officiellement et plus de 40 millions officieusement. Un chiffre inimaginable s'il survenait de nouveau une telle épidémie.
On pourrait penser que nous avons les armes médicales pour agir. C'est vrai, mais pas à cette échelle et surtout s'il s'agit du virus effroyable que l'on attend, en espérant qu'il ne verra jamais le jour, d'où ces mesures drastiques contre nos pauvres canards. Ces élevages sont des bases secrètes de ce que la nature prépare de pire. "LE" virus du siècle. Car ce n’est pas la grippe aviaire qui terrorise aujourd’hui les spécialistes des maladies infectieuses, mais plutôt l’imminence d’un mariage diabolique. Celui d’Hercule et de Mercure.
Puissance et mobilité
Le Dieu de la force, c’est le virus de la grippe aviaire, une machine à tuer que la nature confine à l’organisme de quelques volatiles résistants, mais qui parfois, pour des raisons que l’on connaît mal – promiscuité, manipulations inhabituelles – effectue un passage remarqué chez l’homme. Avec des conséquences effroyables : mortalité proche de 100 % et contagiosité maximum. Heureusement, c’est un tueur fragile et casanier. Comme ses frères EBOLA ou MARBURG qui, régulièrement, déciment un village africain pour se rendormir tout aussi brutalement qu’ils étaient arrivés.
Le Dieu du voyage, chez les virus, vous le connaissez bien. C’est celui de la grippe. Volage, il aime l’union libre. C’est pour cela qu’il n’est jamais identique d’une année sur l’autre et que chaque automne, on doit se revacciner. C’est surtout un routard inépuisable dont le tour du monde annuel se traduit par des dizaines de millions de contaminations humaines toujours désagréables, parfois graves et mortelles.
Mariage dans l’organisme d’un animal
Le microbe aime les étreintes parfaites. Le résultat est un nouveau virus qui prend les qualités des deux parents. Alors si un jour, la grippe aviaire rencontre la grippe traditionnelle, s’unit puis passe chez l’homme, c’est un tueur voyageur, une arme de destruction massive qui s’apprêtera à déferler sur la planète.
Science-fiction ? Hélas non. Ces noces sont, paraît-il, en train de se produire avec comme témoin de mariage… un cochon !
Le virus voyage par l’intermédiaire des volatiles : canards et oiseaux migrateurs, les seuls voyageurs chez qui il est impossible de contrôler la circulation. L’atterrissage se fait chez le porc, un animal présent partout sur la planète et qui a la réputation de manger tout ce qui passe à sa portée. C’est en effet en passant par son intermédiaire, un organisme étonnamment proche de celui de l’homme, que le virus apprend à nous coloniser et nous détruire. Son apprentissage terminé, il ne lui reste plus qu’à entreprendre son tour du monde mortel. Là encore grâce aux oiseaux, mais aussi tous les moyens de transport inventés par l’homme…
Ce n’est pas une fiction
Un scénario que craint l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis des années. Les prévisions, s’il se réalise, sont en cas d’épidémie, de plusieurs centaines de milliers de morts rien que pour notre pays. C’est, rappelons-le, l’OMS qui le dit. Des scientifiques qui ont plutôt la réputation de manier la langue de bois. Leur franchise fait aujourd’hui froid dans le dos. Mais souvenons-nous de la grippe espagnole.
C'est vrai que pour un éleveur qui consacre sa vie, ses loisirs, souvent en gagnant le minimum vital, la sentence de mort à l'encontre de tous les animaux de sa ferme est un drame. Il faut que la communauté prenne en charge, rapidement et sans discuter, le désastre financier individuel. Car cet acte, qui peut être jugé barbare, est en fait un acte de prévention essentiel, qui participe à la lutte souterraine contre un ennemi qui prépare une arme de destruction massive.