De fortes nausées, des vomissements sévères et des douleurs abdominales épigastriques ou périombilicales, tels sont les symptômes du "syndrome d’hyperémie cannabinoïde" auquel des chercheurs américains se sont intéressé.
Les effets du cannabis sont paradoxaux : son usage médical vise à lutter contre les nausées et vomissements chez les cancéreux mais, consommé quotidiennement, il provoque un désordre aigu qui demeure mystérieux pour la communauté médicale.Une des problématiques réside dans le fait que les personnes ignorent totalement que ce syndrome peut survenir suite à une consommation quotidienne de cannabis.
Il s'agit d'un syndrome aigu et récurrent qui semble de plus en plus fréquent. Les résultats de leur étude sont publiés dans la revue Basic and Clinical Pharmacology and Toxicology.
Le paradoxe de la marijuana
C’est en 2004 qu’on nomme pour la première fois ce syndrome aigu, dans le journal médical Gut, un journal officiel de la British Society of Gastroenterology. Les personnes qui en souffrent tentent de faire passer ces symptômes en prenant des douches ou des bains chauds.
Dans leur étude, les chercheurs ont observé 155 personnes qui se sont présentées aux urgences à New York et à qui on a diagnostiqué un CHS. Les résultats globaux de l'étude suggèrent qu’un tiers des personnes qui signale une forte consommation de marijuana souffre de symptômes du CHS. Cet état serait, par ailleurs, plus fréquent chez les 18-29 ans.
En extrapolant au nombre de consommateurs quotidiens de marijuana, les chercheurs estiment que 2 millions d’adultes américains pourraient être touchés par le syndrome : en 2014 aux Etats-Unis le nombre de personnes ayant souffert de symptômes du CHS serait estimé entre 2 130 000 et 3 380 000.
Quel traitement ?
En pratique, les chercheurs ont ensuite demandé aux malades d’évaluer onze méthodes permettant de soulager ces nausées / vomissements aigus, à l’aide de l’échelle de Likert (en 10 points : de « pas du tout utile » à « le plus utile ». Ces méthodes comprenaient : douches chaudes, douches froides, air frais, médicaments antiémétiques, fumer de la marijuana, s’abstenir d’en fumer, augmenter la température ambiante, manger, boire de l’eau, fumer des cigarettes et dormir.
Cinquante et une personnes ont indiqué que les douches chaudes procuraient un soulagement efficace, soit 32,9%. La seule méthode réellement efficace à 100% est d'arrêter de fumer de la marijuana. Il n'y avait pas de différence selon le sexe, l'âge...
Une 2e étude est prévue
Les chercheurs précisent tout de même les nombreuses limites inhérentes à l’étude : on ne peut pas être sûr à 100% que les personnes interrogées au cours d’un questionnaire médical soient totalement honnêtes quant à leur consommation de cannabis.
Par ailleurs on ignore parfois leurs antécédents médicamenteux et toxicologiques, et donc les possibles médicaments auxquels pourraient être imputés les symptômes ou les possibles interaction avec l'alcool et d'autres toxiques.
Les chercheurs travaillent désormais sur une seconde étude visant à identifier des médicaments éventuellement responsables, car pour le moment seul l’arrêt ou la réduction de la consommation de cannabis parvient à faire disparaître les symptômes.