Mais quelle est donc cette mystérieuse maladie mise en avant par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ? Pour la deuxième fois après 2015, l’agence vient de publier sa liste des maladies prioritaires (en anglais), pour lesquelles « un effort urgent de recherche et développement » est jugé indispensable. La courte liste de maladies infectieuses – parmi lesquelles Ebola, Zika, ou la fièvre de Lassa – se termine par une intrigante « maladie X ».
Quelle est donc cette affection ? Pas de panique, ou plutôt : une panique contrôlée. Il ne s’agit pas d’une nouvelle maladie, mais d’une façon d’alerter sur une réalité : en matière de risque épidémique, le pire est sans doute à venir. « La maladie X représente le fait qu’une épidémie mondiale d’ampleur pourrait être causée par un agent pathogène qu’on ignore à ce jour être transmissible à l’homme », indique l’OMS, qui invite les États à s’y préparer.
De la loi de Murphy en épidémiologie
Le mois dernier, à l’occasion du World Government Summit 2018, le nouveau directeur général de l’OMS Tedros Adhanom alertait sur la réalité d’un risque pandémique. « Il ne s’agit pas d’un scénario de film d’horreur, c’est précisément ce qui s’est passé il y a cent ans exactement, avec la grippe espagnole. » La pandémie de grippe, qui a frappé le monde en 1918, a fait entre 30 et 100 millions de morts selon les estimations. Plus que la Grande Guerre.
Les épidémies sont très difficiles à prévoir. Et si des tentatives de modélisation existent, elles portent sur des agents infectieux déjà identifiés, comme la grippe H1N1 ou plus récemment le virus Zika en Amérique latine. Or de nouveaux virus peuvent très bien émerger à l’impromptu, notamment en mutant pour se transmettre de l’animal à l’humain. Avec des conséquences dramatiques, comme pour le VIH dans les années 80 ou le SRAS en 2003, qui fut la première épidémie du 21e siècle.
Investir dans les systèmes de santé publics
Pour se préparer, mieux vaut donc agir en amont. « Une couverture maladie universelle et une gestion des situations d’urgences sanitaires sont les deux faces d’une même médaille », a expliqué le directeur de l’OMS devant les chefs d’État du monde entier réunis à Dubaï. « Les épisodes épidémiques (outbreaks, ndlr) sont inévitables, mais pas les épidémies. (…) Le meilleur moyen de se protéger contre les crises sanitaires consiste à renforcer les systèmes de santé. »
Un appel à prendre des décisions politiques fortes, à l’heure où beaucoup d’États peinent à financer leurs systèmes de santé faute de ressources. Toute ressemblance avec une situation existante...