La maladie de Crohn est une maladie inflammatoire chronique du système digestif. Elle évolue par des phases de crise et de rémission. De fortes douleurs abdominales et des diarrhées, parfois sanglantes, peuvent durer plusieurs semaines. Les malades perdent du poids, parfois beaucoup, et ressentent une forte fatigue.
Selon une étude, menée par la Case Western University, de Cleveland, dans l’Etat de l’Ohio, la consommation d’un édulcorant artificiel, le sucralose (vendu sous la marque Splenda), pourrait aggraver les symptômes de la maladie. Les résultats sont publiés dans la revue Inflammatory Bowel Diseases.
La flore intestinale perturbée
Les chercheurs ont mené leur étude sur des souris avec une lignée génétique qui entraine une forme de maladie de Crohn. L’autre moitié des souris étaient saines. Chez les souris malades, le sucralose déséquilibre le microbiote intestinal et fait augmenter le nombre de protéobactéries dans les intestins, dont l’Escherichia coli (E. coli). Très présente dans notre tube digestif, certaines de ces souches peuvent être pathogènes. Causer une intoxication alimentaire par exemple.
L’ingestion de Splenda provoque aussi une augmentation de l’activité d’une enzyme, la myéloperoxydase, efficace pour tuer les micro-organismes. En d’autres mots, le sucralose entraine une réponse immunitaire. Le corps cherche ainsi à combattre un envahisseur. S’ensuit donc une réaction inflammatoire. Le microbiote des souris saines est resté intact.
Le Splenda, à consommer avec modération
« Nos résultats suggèrent que les patients atteints de la maladie de Crohn doivent être prudents en consommant du Splenda ou des produits similaires, contenant du sucralose », déclare ainsi Alex Rodriguez-Palacios, professeur adjoint de médecine à la Case Western University.
Chez les personnes ayant une prédisposition inflammatoire, comme la maladie de Crohn ou d’autres pathologies de l’intestin, le sucralose pourrait ainsi entrainer des poussées de la maladie. À l’inverse, chez les personnes n’ayant aucun problème intestinal, pas besoin de trop s’inquiéter en consommant du Splenda, toujours selon Alex Rodriguez-Palacios.
Prochaine étape: mener des expériences directement sur les patients. Mais cela est plus difficile à faire car il y a plus d’éléments à prendre en compte, comme la génétique humaine, le microbiote ou l’alimentation.