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Procès des prothèses PIP : les cadres se rebiffent

Par la rédaction

20 MINUTES/SIPA
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La deuxième semaine du procès des prothèses PIP prend des allures de règlements de comptes internes. A la barre, Hannelore Font, ex-directrice qualité et affaires règlementaires, a expliqué que plusieurs cadres de l’entreprise avaient insisté dès 2005 pour que le « gel maison » non conforme soit remplacé par  un gel homologué Nusil. « Nous avons fortement insisté pour que la société rentre dans les clous. On voulait que la fabrication soit conforme aux certifications », a-t-elle indiqué au tribunal de Marseille.
Le fondateur de l’entreprise, Jean-Claude Mas, s’y serait opposé fermement en mettant en avant l’incidence financière d’une telle mesure.  Avec un coût inférieur de 10 euros par prothèse avec le gel PIP, l’économie réalisée s’élèverait à 1,2 million d’euros pour la seule année 2009, a calculé le tribunal. 

L’un des cinq prévenus, Loïc Gossart, a confirmé cette fronde des cadres. Ce directeur de la production a rappelé qu’en 2008, les dirigeants avaient profité d’une situation de faiblesse de leur patron pour obtenir un retour en deux ans à un gel homologué. Au final, le dosage a changé, mais pas le gel. Pour Jean-Claude Mas, ces discussions ne sont intervenues qu’en 2009.

Cette épreuve de règlements de comptes met en lumière le malaise de certains salariés qui se rendaient complices de la tromperie par leur silence. « Un problème de conscience (…), ça peut vous bouffer de l’intérieur », a reconnu l’ex-directeur Recherche et développement. Alban Gossé a démissioné en 2006, mais avoue n'avoir jamais songé à dénoncer ces pratiques. « On ne dénonce pas son employeur juste pour un problème d'éthique, a-t-il lâché. C'est une décision lourde à endosser, surtout que le gel maison semblait bon ».