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Mauvaise pioche

Dépression résistante : la voie nasale est mauvaise pour l’administration de la kétamine

Par le Dr Jean-Paul Marre

Selon une nouvelle étude pilote dans la dépression résistante, la kétamine par voie nasale s’accompagne de très fortes variations de doses ce qui est à l’origine d’effets secondaires importants.

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Deux récentes analyses montrent que la kétamine, un anesthésique courant, révolutionne le traitement de la dépression sévère et résistante. La kétamine par voie intraveineuse réduit en effet les idées suicidaires en quelques heures, alors qu’il faut attendre 2 à 3 semaines pour observer une réponse avec un antidépresseur classique.

Mais la perfusion ne peut constituer un traitement au long cours et d’autres voies d’administration ont été testées comme la voie sous-cutanée ou la voie nasale.

Mauvais résultats par voie nasale

La voie nasale est plus facile à utiliser et moins invasive que les perfusions. Elle a été vantée par une récente campagne de promotion dans la presse mais ne semble pas être le moyen prometteur de délivrer de la kétamine aux malades souffrant de dépression résistante.

Contrairement aux essais précédents, une nouvelle étude révèle la nature aléatoire de la tolérance de la kétamine par voie nasale d’un malade à l'autre. Les résultats sont publiés aujourd'hui dans le Journal of Psychopharmacology.

Une forte variation de l’absorption

« Il est clair que la délivrance de la kétamine par voie nasale n'est pas aussi intéressante qu'elle le semblait au premier abord », a déclaré l'auteur principal, le professeur Colleen Loo, du Black Dog Institute. « De nombreux facteurs entrent en jeu dans les traitements par kétamine intra-nasale : l'absorption varie d'une personne à l'autre et peut varier d'un jour à l'autre en fonction de l’état de la muqueuse nasale et de la technique d'administration utilisée ».

Un essai pilote arrêté prématurément

L'essai pilote visait à tester la faisabilité de doses répétées de kétamine par voie intra-nasale chez 10 malades souffrant de dépression sévère, avant un essai contrôlé randomisé plus important. Les participants ont tous été formés à l’auto-administration intra-nasale avant de recevoir huit traitements à la kétamine ou un placebo sur une période de quatre semaines. Après les premières réactions, la posologie a été ajustée pour espacer les intervalles de temps entre les pulvérisations.

L'étude a due être arrêté prématurément au bout de cinq participants en raison de problèmes inattendus de tolérance. Les effets secondaires comprenaient une hypertension artérielle, des effets pseudo-psychotiques et des troubles de la coordination motrice qui ont empêché certains participants de continuer à s'auto-administrer l'aérosol.

Une adaptation des doses est nécessaire

« L'administration intranasale de kétamine est très puissante car elle contourne les voies métaboliques, et la kétamine est rapidement absorbée dans la circulation sanguine », a déclaré le professeur Loo. « Mais comme nos résultats le montrent, cela peut conduire à des problèmes avec des niveaux élevés de kétamine chez certaines personnes causant des effets secondaires problématiques ».

Une première étude menée par le professeur Loo l'année dernière a montré la rapidité et l’importance des effets antidépresseurs de la kétamine chez les patients âgés lorsque celle-ci était administrée par voie sous-cutanée en doses répétées et ajustées individuellement.
« Plus d’études sont nécessaires pour identifier le niveau de dosage optimal de la kétamine pour chaque d’administration avant que la voie nasale puisse être considérée comme une option de traitement valable ».

La bonne dose et la bonne vois d’administration restent à trouver pour la kétamine.