Des chercheurs américains ont testé un programme de télémédecine sur des patients diabétiques de type 2. L'objectif de cette expérience était d'évaluer si ce mode de fonctionnement pouvait améliorer leur contrôle glycémique (sucre) de la même manière que chez les patients qui se rendent dans le cabinet de leur médecin. Les scientifiques ont présenté leurs travaux ce samedi 17 mars lors de l'ENDO 2018, 100e réunion annuelle de la Société Endocrine à Chicago (Illinois).
Testé au centre Veterans Affairs (VA) Pittsburgh Healthcare System, ce programme de télémédecine baptisé "e-consult", propose une consultation à distance entre un patient et un endocrinologue spécialisé dans le diabète avec des soins continus par téléphone, a expliqué Archana Bandi, chercheuse principale de l'étude et directrice clinique des services de télésanté pour VA Pittsburgh Healthcare System. « À la différence d'une consultation électronique classique, ce programme fournit des soins en équipe avec un suivi », a-t-elle souligné.
Un suivi médical par téléphone de 3 à 6 mois
Concrètement, le programme mis au point par le Département Veterans Affairs inclut l'examen du dossier médical puis une entrevue téléphonique de 20 à 30 minutes avec le patient et sa famille. Le patient reçoit ensuite un email avec les recommandations du médecin, qui se basent sur les données relatives au taux de glycémie dans le sang.
Une infirmière de l'équipe de soins du diabète prend ensuite le relais et surveille les progrès du patient par téléphone au cours des trois à six prochains mois. Les patients bénéficient également de services auxiliaires tels que des conseils nutritionnels et des services d'éducation sur le diabète à proximité de chez eux.
Afin d'évaluer l'efficacité d'un tel dispositif sur la prise en charge des patients et de l'amélioration de leur contrôle de glycémie, les auteurs de l'étude ont comparé les résultats de 442 patients qui ont participé au programme e-consult à ceux de 407 autres patients qui ont bénéficié des visites en cabinet et des soins de suivi traditionnels. Tous les patients étaient des vétérans atteints de diabète de type 2.
Globalement, le « groupe e-consult » était composé de patients plus jeunes (64 ans contre 68 ans) et vivaient plus souvent en zone rurale (16 contre 4 pour cent), que ceux de l'autre groupe. Lors de la consultation initiale, les patients des groupes enregistraient une valeur d'hémoglobine glyquée (HbA1c)- mesure qui permet d'évaluer la glycémie moyenne au cours des trois derniers mois- de 10%. Pour rappel, la valeur recommandée de référence d'hémoglobine glyquée est de 7%. Une valeur supérieure à 7% peut indiquer un diagnostic de diabète.
Une solution pour pallier la pénurie d'endocrinologues
Avec le programme e-consult, les patients ont attendu 10 jours pour obtenir un consultation, contrer 37 pour ceux qui n'ont pas opté pour la télémédecine. Dans les trois à six mois suivant la consultation, les patients des deux groupes ont significativement amélioré leur valeur de HbA1c, soit un peu moins de 9% pour le groupe e-consult et 8,75% pour l'autre groupe.
Un an après la consultation, la valeur de HbA1c s'est encore améliorée dans chaque groupe, atteignant 8,8% dans le premier groupe et 8,6% dans le second groupe. Parmi les patients du groupe e-consult, le déclin de l'A1c différait selon le niveau d'engagement des vétérans dans l'autogestion de leur diabète. « Ceux qui s'engageaient pleinement à suivre le traitement recommandé, sont ceux qui ont enregistré la plus faible valeur en hémoglobine glyquée (8,6% ) », remarque Archana Bandi.
Selon les initiateurs de ce programme, cette solution permettrait également d'éviter aux patients qui vivent dans les zones rurales de parcourir des kilomètres pour se rendre au cabinet de leur médecin, mais également de pallier à la pénurie d'endocrinologues dans certaines régions.
« Compte tenu de l'épidémie d'obésité et de diabète ainsi que de la pénurie actuelle d'endocrinologues aux États-Unis, la prestation de soins aux patients atteints de diabète nécessite un changement complet dans son paradigme », affirme Archana Bandi.