Pour détecter et soigner à temps le cancer de la prostate, mieux vaut privilégier l’imagerie par résonance magnétique multiparamétrique (IRM), bien plus précise qu’une biopsie guidée par échographie transrectale. C’est ce que préconise une nouvelle étude internationale, dont les résultats ont été présentés au 33e Congrès annuel de l’Association européenne d’urologie et publiés dans le New England Journal of Medicine.
Selon les auteurs de ce vaste essai intitulé PRECISION, pratiquer une IRM sur un patient soupçonné d’avoir un cancer de la prostate serait non seulement plus efficace pour détecter la tumeur cancéreuse, mais réduirait aussi le risque de sur-diagnostic et donc de de sur-traitement des cancers cliniquement bénins.
Un examen efficace et peu invasif
Les chercheurs ont procédé à un examen de 500 hommes soupçonnés d’avoir un cancer de la prostate et n’ayant pas jusqu’ici subi de biopsie. Parmi ceux-ci, 252 ont été sélectionnés pour subir une IRM de la prostate, tandis que les autres ont été soumis uniquement à une biopsie de diagnostic.
Chez 71 des hommes sélectionnés pour une IRM, les résultats de celle-ci ne suggéraient pas de cancer : ils n’ont donc pas eu besoin de se plier à une biopsie. Ceux en revanche dont les résultats de l’IRM laissaient suggérer un cancer ont par la suite subi une biopsie ciblée. Un cancer cliniquement significatif a été détecté chez 95 des hommes ayant subi une IRM pré-biopsie puis une biopsie.
À titre de comparaison, seuls 64 des 248 hommes de l’étude ayant subi uniquement une biopsie guidée par échographie transrectale ont été soupçonnés d’avoir un cancer de la prostate.
L'IRM fait mieux que l'échographie et réduit les biopsies
« Le test idéal pour diagnostiquer le cancer de la prostate serait peu invasif, aurait peu d'effets secondaires, identifierait une proportion élevée d'hommes qui bénéficieraient d'un traitement et minimiserait l'identification d'hommes atteints d'un cancer cliniquement insignifiant afin d'éviter un sur-traitement », écrit le Pr Veeru Kasivisvanathan, membre du Royal College of Surgeons et de l’University College London (UCL).
« Chez les hommes ayant une suspicion clinique de cancer de la prostate et n'ayant jamais subi de biopsie de la prostate, l'étude PRECISION a montré que l'IRM, avec ou sans biopsie ciblée, parvenait à atteindre ces objectifs mieux que le traitement traditionnel, c’est-à-dire une biopsie guidée par échographie transrectale », ajoute-t-il.
L’IRM, encore trop peu utilisée
Avec 48 427 nouveaux cas de cancer de la prostate en 2013 en France métropolitaine et 8 207 décès estimés en 2017, le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes de plus de 50 ans.
Pourtant, en France aussi, la biopsie est encore préférée à l’IRM pour détecter le cancer de la prostate. Ce que déplore le Pr François Desgrandchamps, chef du service Urologie à l’hôpital Saint-Louis, à Paris. Invité de Fréquence Médicale en mars 2016, il expliquait regretter que cet examen invasif supplante encore l’IRM dans la détection du cancer de la prostate. « En fait, il est même anormal de faire une biopsie sans avoir réalisé une IRM au préalable ! ».
Comment expliquer que le recours à l’IRM reste si limité, notamment en dehors des grandes villes ? Pour le Pr Desgrandchamps, cela s’explique par la forte indisponibilité des appareils, mais aussi à un manque de formation des radiologues. Résultat : « L’IRM n’est considérée que comme un bilan d’extension, alors qu’elle devrait être un outil de diagnostic à part entière », regrette encore le Pr Desgrandchamps.