ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Des œstrogènes pour régulariser les cycles et équilibrer les athlètes femmes

Hormones

Des œstrogènes pour régulariser les cycles et équilibrer les athlètes femmes

Par Charlotte Arce

Une nouvelle étude révèle que l’administration d’œstrogènes chez les athlètes féminines qui ont des irrégularités du cycle menstruel les aiderait à lutter contre les troubles alimentaires et à être plus satisfaites de leur image corporelle.

Jacoblund/iStock

Donner pendant une année un traitement hormonal substitutif (THS) à base d’œstrogènes à des femmes athlètes qui ont des menstruations irrégulières induites par la pratique intensive du sport les aiderait à réguler le fonctionnement de leur corps et leur appétit, révèle une nouvelle étude.

Dévoilés samedi 17 mars à l’ENDO 2018, le congrès annuel de la Société américaine d’endocrinologie à Chicago, les résultats de l’étude suggèrent aussi que l’administration d’œstrogènes chez les femmes athlètes leur permettrait de rester motivées pour rester minces et diminuerait leur insatisfaction vis-à-vis de leur corps.

Un déséquilibre général

« Les athlètes féminines présentant un trouble menstruel induit par l’exercice physique et associé à de faibles niveaux d’œstrogènes ont souvent un comportement alimentaire désordonné, ce qui peut affecter leur santé reproductive et osseuse », a déclaré le Pr Madhusmita Misra, professeure en pédiatrie à la Harvard Medical School et endocrinologue pédiatrique au Massachussetts General Hospital de Boston.

L’étude menée par le Pr Madhusmita Misra montre que les femmes athlètes ayant des règles irrégulières à cause de l’entraînement physique intense présentaient également un comportement alimentaire plus désordonné que les athlètes et non-athlètes ayant un cycle menstruel régulier.

Un appétit régulé

« Les athlètes féminines ont notamment tendance à restreindre leur alimentation, à manifester un désir plus fort de devenir ou de rester minces et à être plus insatisfaites de leur corps que les athlètes et non-athlètes ayant des cycles menstruels normaux », explique Madhusmita Misra.

Pour parvenir à cette conclusion, la professeure s’est livrée à une comparaison entre 109 athlètes féminines avec des irrégularités menstruelles induites par l'exercice et 50 athlètes féminines avec des cycles menstruels normaux, ainsi que 39 femmes non-athlètes. Toutes les femmes participant à l'étude avaient entre 14 et 25 ans et étaient dans une gamme de poids normal. Le comportement alimentaire des jeunes femmes et leur santé mentale ont été pris en compte.

Des œstrogènes pour diminuer les troubles du comportement alimentaire

Parmi les athlètes ayant des règles irrégulières, certaines ont reçu pendant un an un traitement hormonal à base d’œstrogènes grâce à un patch. La pose de celui-ci correspondant à des niveaux d’œstrogènes normaux lorsque l’on a des cycles réguliers. Durant cette même période, d’autres femmes ont reçu une pilule contraceptive orale combinée contenant des œstrogènes. Les dernières athlètes femmes n’ont reçu aucun traitement pendant un an.

Les deux premiers groupes de femmes athlètes, soumis à des traitements hormonaux via un patch ou une pilule, ont réussi en l’espace d’un an à mieux contrôler leur alimentation. Les chercheurs ont aussi constaté une motivation moindre à l’idée de rester minces et une diminution significative de leur insatisfaction corporelle. Le patch a semblé particulièrement efficace, entraînant un meilleur contrôle de l’alimentation et une diminution significative de l'insatisfaction corporelle.

Les athlètes femmes sont à risque

Pour le Pr Misra,« ces résultats soulignent l'importance de normaliser les niveaux d'œstrogène chez les athlètes femmes avec des cycles menstruels irréguliers ».  Non seulement un traitement hormonal à base d’œstrogènes améliore la santé des os des athlètes, « mais cela peut aussi améliorer grandement leur comportement alimentaire. Plus d’études sont nécessaires pour confirmer ces résultats », a indiqué Madhusmita Misra, suggérant que ses recherches sur les œstrogènes pourraient être utilisés comme traitement contre les troubles alimentaires « tels que l’anorexie mentale ».