Des "pseudo-médecines", des "promesses fantaisistes", "efficacité illusoire"... Ces expressions sont employées pour parler des médecines alternatives dans une tribune parue dans Le Figaro. 124 professionnels de santé et médecins sont à l'origine de ce texte.
Ils veulent alerter sur ces médecines douces, qu’ils jugent inefficaces. Les signataires réclament des mesures pour ne plus reconnaître ces pratiques, ne plus les enseigner, et obliger les professionnels de santé à s'en écarter. Des mesures radicales pour des traitements qui ne méritent pourtant pas une telle "haine" et dont beaucoup de malades sont satisfaits.
C'est cette constatation, dans la vie de tous les jours, qui irritent ceux qui aujourd'hui ne veulent pas se sentir coupables et mis au ban de la médecine par des confrères un peu péremptoires dans leurs conclusions. La "médecine par les preuves" ! Au nom de ce slogan qui a dominé la médecine des années 2000, certains médecins veulent rayer des pratiques qui, à leur goût, tardent à être interdites. En fait toutes ne sont pas à ranger dans le même sac de colère ; de même que leur utilisation est à encadrer.
L’homéopathie, remboursée, peut-être inefficace, mais pas inutile.
Parmi les pratiques ciblées par les signataires, l’homéopathie est l’une des plus critiquées. Les "124" la jugent « coûteuse pour les services publics » et basée « sur des croyances promettant une guérison miraculeuse et sans risques ». L’homéopathie est en partie remboursée par la Sécurité sociale, à hauteur de 30%. Ce qui représente un coût annuel d’environ 50 millions d’euros. Plusieurs études scientifiques montrent cependant que ces traitements n’auraient qu'un effet placebo.
Mais il faut savoir que si l’Assurance maladie continue de rembourser ces médicaments, c'est pour une raison ... d'économie. Un débat difficile à mettre sur la place publique, parce qu'il devrait rester entre médecins. La raison n'est pas forcément très noble mais elle est pragmatique. En France, les malades ont du mal à sortir de chez le médecin sans ordonnance.
Prescrire ces thérapies alternatives permettrait d’éviter de prescrire de « vrais médicaments », plus coûteux... et surtout plus dangereux parfois. De manière générale, les boîtes de granules homéopathiques coûtent entre un et deux euros. Et si l'homéopathie n'est pas efficace, le médecin a au moins la garantie de ne pas faire de mal. "Primum non nocere" ; "d'abord ne pas nuire", proclamait Hippocrate, le glorieux ancêtre de tous les médecins, il y a 2000 ans
Encadrer les pratiques
En fait le véritable problème est, comme toujours la dérive des pratiques. Les excès sont dans les deux camps ; avec plus de risques dans celui des médecins qui prônent l'utilisation des médecines alternatives à outrance. Ils peuvent en effet franchir la limite de la prescription dangereuse en empêchant l'utilisation de traitements efficaces dans des maladies graves.
Mais 40% des Français ont déjà eu recours à une médecine alternative ou complémentaire selon l’Ordre des médecins. Si ces médecines leur rendent service, pourquoi le leur interdire, il est cependant nécessaire de les encadrer. Un examen clinique détaillé et les examens complémentaires nécessaires doivent être prescrits pour éliminer une maladie qui revendiquerait d'un traitement spécifique.
Et il faut absolument éviter tout risque d'interférences avec les traitement allopathiques. De fait, toutes les médecines alternatives ne sont pas compatibles avec certains traitements, et surtout elles ne doivent pas remplacer des traitements médicamenteux lorsqu’ils sont nécessaires.
Attention aux interactions
En décembre dernier, l’association francophone des soins oncologiques de support (AFSOS), qui reconnait l'utilisation de ces traitements par les malades cancéreux, a publié un guide d’utilisation de la phytothérapie pour les professionnels de santé. Car pour les patients atteints de cancer, la phytothérapie doit être utilisée avec précaution. Certaines plantes sont très utiles, mais il faut surveiller les possibles interférences avec les traitements.
Par exemple, le soja est un complément alimentaire à éviter en cas de cancer du sein ou de l’utérus. On dit de lui qu’il est « oestrogène like », il se comporte comme cette hormone ; ce qui peut aggraver les tumeurs, qui dépendent des hormones. Alors les médecines alternatives, oui pourquoi pas, mais il faut mieux les encadrer, mieux informer les patients, afin d'éviter de mauvaises pratiques.
Et n'oublions pas que certaines de ces médecines doivent leur popularité aux expressions malheureuses de nombreux médecins - pas encore totalement disparues - comme "condamnés", "il n'existe pas de traitements" "on ne peut rien faire". Un vaste débat!
Au final, il vaut au contraire mieux que ces traitements soient prescrits par des professionnels de santé que par des personnes sans connaissance sur les maladies. Au moins, les médecins ont une obligation de moyens vis-à-vis de leurs malades... et ils sont responsables devant la justice en cas d'erreur.