« Mauvais dosage, mauvaise prise, non-respect du traitement prescrit, interaction entre plusieurs médicaments... les causes d'un accident lié à un médicament sont diverses et les conséquences loin d'être anodines. »
Dans un communiqué daté de ce jeudi 22 mars, le Collectif du Bon Usage du médicament alerte sur les dangers liés à un mauvais usage des médicaments, responsable selon lui de plus de 10 000 décès par an en France, soit trois fois plus de victimes que les accidents de la route. S’y ajoutent 130 hospitalisation et près de 1,3 million de journées d’hospitalisation, elles aussi liées à un mésusage des médicaments.
Les personnes âgées en première ligne
Selon le Collectif Bon Usage du médicament, qui rassemble depuis trois ans des acteurs des professions médicales, paramédicales et pharmaceutiques, mais aussi de l’industrie pharmaceutique, de l’assurance complémentaire santé et des systèmes d’information liés à la santé, 45% à 70% des accidents liés à un mauvais usage des médicaments sont évitables.
« Les signes d’alerte sont très banals », écrit le collectif. « Une fatigue excessive, une diminution de l’appétit, une perte de poids, des vertiges, un malaise, des troubles de l’équilibre, une chute, des pertes de mémoire, des troubles digestifs ou urinaires, des palpitations, des troubles de la vision » sont autant de signes d’alerte liés au mauvais usage des médicaments, mais qui hélas, sont trop génériques pour que la corrélation soit toujours faite à temps.
Les personnes âgées sont les patients les plus touchés par le mauvais usage des médicaments : entre 75 et 84 ans, elles prennent en moyenne quatre médicaments différents par jour, ce qui augmente les risques de mésusage.
Toutefois, se félicite le collectif, la consommation a baissé ces dernières années chez les personnes âgées de plus de 65 ans, notamment grâce au déploiement de campagnes d’informations visant les séniors ainsi que les professionnels de santé les conseillant et les accompagnant. Des économies ont ainsi été réalisées : 185 millions d’euros entre 2015 et 2016 selon le Collectif Bon Usage des médicaments.
La France, « mauvais élève européen »
Le chemin reste cependant long pour sensibiliser le grand public à un usage raisonné des médicaments et au respect des prescriptions médicales. En 2013, un rapport d’experts remis au ministère de la Santé faisait déjà état d’une consommation importante, voire excessive des médicaments en France, faisant du pays un « mauvais élève européen ».
Pour poursuivre les efforts jusqu’ici engagés, le collectif présente ce jeudi à la ministre de la Santé Agnès Buzyn ses 10 préconisations pour encourager la politique du bon usage du médicament. Parmi celles-ci, la création d’un Observatoire du bon usage du médicament, la relance des campagnes d’information à destination du grand public ou encore la généralisation de la détection des interactions médicamenteuses provenant de multi-prescriptions dans les logiciels d’aide à la prescription. Renforcer la formation de tous les professionnels de santé au bon usage du médicament ou encore fixer à 5 ans un objectif de réduction des décès et des hospitalisations dus au mauvais usage du médicament sont aussi préconisés.