À l'occasion de la marche mondiale contre l'endométriose, et alors que de nombreuses jeunes femmes souffrent en silence de cette maladie négligée, plusieurs témoignages poignants témoignent du lourd handicap ressenti pour les 10 à 15 % de femmes entre 16 et 50 ans qui en souffrent.
Cette maladie chronique peut, si elle n’est pas prise en charge à temps, en plus provoquer une infertilité dans 25 à 50% des cas. Des recommandations sur la prise en charge ont été publiées récemment, des conseils bienvenus pour une maladie aussi fréquente et aussi mal soignée.
Un retard diagnostique majeur
Le délai diagnostique reste trop long puisqu’il dépasse aujourd’hui 7 ans en moyenne. Or, ce long délai diagnostique, en plus des souffrances qu’il inflige inutilement aux malades : les douleurs lors des règles ou lors des rapports sexuels, est responsable de nombreuses complications, dont les troubles de la fertilité.
Ainsi, au moins 50% des femmes qui ont une infertilité souffrent d’endométriose.
Une maladie mal connue
L’endométriose est une maladie gynécologique à l’origine de douleurs du ventre et du bassin au moment des règles et qui reste très mal connue. Il s’agit d’une migration anormale de cellules de l’endomètre (qui revêt la paroi interne de l’utérus) en dehors de l’utérus.
L’endomètre est physiologiquement hypertrophié en première partie de cycle pour assurer la nidification de l’éventuel embryon après un rapport sexuel fécondant, puis il est éliminé au moment des règles.
L’endométriose est provoquée par le développement, puis l’involution, de ce tissu endométrial qui s’est développé ailleurs que dans l’utérus, et en général dans le petit bassin et le ventre.
Quand penser à une endométriose ?
Plutôt que d’attribuer des règles douloureuses à un « simple déséquilibre hormonal qui va passer », une douleur importante au moment des règles, surtout si elle constitue un handicap social ou professionnel, doit conduire une adolescente ou une femme à en parler à son médecin.
De même, si des douleurs surviennent au moment des rapports sexuels et si celles-ci continuent au fil des rapports, il est important de consulter. C’est la même chose en cas de problème de stérilité chez une femme jeune.
D’autres douleurs ou signes plus « régionaux » peuvent alerter : difficultés et douleurs pour uriner, traces de sang dans les urines ou les selles, douleurs du bassin lors des émissions de selles…
Quelle stratégie diagnostique conseiller ?
Le diagnostic de l’endométriose repose en premier sur l’interrogatoire du médecin et celui-ci sera orienté par les plaintes de la jeune femme. Il sera complété par un examen clinique détaillé et une échographie du petit bassin.
En cas de discordance entre les plaintes et les examens, d’autres examens plus spécialisés peuvent être réalisés (échographie endovaginale ou IRM), et c’est seulement en l’absence de lésion caractéristique qu’une « cœlioscopie diagnostique », plus invasive, doit être envisagée : elle consiste à introduire un tube avec un dispositif visuel dans le ventre.
En cas de diagnostic d’endométriose, et avant toute chirurgie, il faut évaluer l’extension de la maladie avec des examens qui vont explorer la vessie et les intestins.
Un traitement individualisé
L’objectif principal doit être de soulager les douleurs et le traitement repose donc en priorité sur une contraception œstro-progestative adaptée ou un stérilet libérant un progestatif, le lévonorgestrel.
Les médicaments qui bloquent les cycles hormonaux, comme les agonistes de la Gn-RH, sont indiqués en 2e intention, et en association à un progestatif et à un estrogène. Une alternative est une contraception à base de progestatifs selon différentes modalités.
De nouveaux traitements de l’endométriose comme les anti-aromatases, ne sont pas recommandés en l’absence d’évaluation solide.
La chirurgie est envisagée après échec des traitements médicaux, en fonction des souffrances de la malade et en cas de désir de grossesse. Il est important de prévoir un traitement hormonal en continu en post-opératoire afin de limiter le risque de récidive et d’améliorer la qualité de vie. Les agonistes de la Gn-RH ne sont pas recommandés en post-opératoire.
Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (ibuprofène, ...) ne sont pas non plus recommandés sur le long terme, en raison des complications qu'ils peuvent faire courir.
N'oubliez pas, samedi 24/03 Journée Mondiale contre l'#Endometriose !
— ENDOmarch France (@ENDOmarch_FR) March 21, 2018
Rdv à la mairie du 15e arr :
????10h : conférence publique
????12h : village associatif sur le parvis
????14h30 : départ de la marche (boucle) suivie d'allocutions des marraines et assos organisatrices
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Une prise en charge dans des centres experts
Il existe, au final, peu d’études scientifiques de bonne qualité pour établir des recommandations très bien argumentées. L’expérience des médecins compte donc beaucoup en attendant les résultats des études menées actuellement.
La prise en charge devrait donc être réalisée dans des centres pluridisciplinaires associant plusieurs type de médecins (gynécologues et radiologues) et de chirurgiens (gynécologues, urologues, digestifs) afin de réaliser une vraie prise en charge « pluridisciplinaire ».
Afin d’améliorer la prise en charge des cas difficiles, il convient également de prévoir des centres experts de dépistage précoce de l’endométriose.