Surveiller en temps réel sa consommation d'alcool et son apport en nutriments : cela sera peut-être bientôt possible.
Des chercheurs de la Tufts Univesity School of Engineering viennent en effet de développer des capteurs miniaturisés qui, montés sur les dents, ont la capacité de transmettre à un appareil mobile des informations très précieuses sur ce que l’on mange, comme par exemple notre consommation de glucose, de sel ou d’alcool.
Prochainement détaillés dans la revue Advanced Materials, leurs travaux laissent espérer qu’une future adaptation de ces capteurs pourra permettre la détection et l’enregistrement d’une large gamme de nutriments, de produits chimiques et même d’états physiologiques.
Une micropuce sensible au sucre et à l’alcool
« Nous avons étendu la technologie commune RFID [radiofréquence ID] à un ensemble de capteurs qui peuvent lire et transmettre de façon dynamique des informations sur leur environnement, qu'ils soient apposés sur une dent, sur la peau ou sur toute autre surface », explique Fiorenzo Omenetto, professeur d’ingénierie et principal auteur de l’étude.
Les capteurs que ses équipes ont développés ressemblent à des micropuces de 4 mm sur 4 mm et de 2 mm sur 2 mm. Chacune est composée de trois couches actives faites de titane et d’or, avec une couche intermédiaire de fibres de soie ou de gels à base d’eau. Ensemble, les trois couches fonctionnent comme une minuscule antenne, qui recueillent puis transmettent les informations via des signaux sans fil à des tablettes ou des smartphones.
Pour les tester, les chercheurs ont d’abord procédé à une étude à petite échelle, sur quatre volontaires qui ont porté les capteurs sur leur dent. La micropuce ainsi implantée a été capable de faire la différence entre des boissons sucrées et alcoolisées.
« En théorie, nous pouvons modifier la couche bioresponsive dans ces capteurs pour cibler d'autres produits chimiques - nous sommes vraiment limités seulement par notre créativité », s’enthousiasme le Pr Omenetto.
Une technologie précieuse pour surveiller son alimentation
La majeure partie de la recherche expérimentale a concerné l'utilisation de différentes épaisseurs pour la couche intermédiaire afin de savoir laquelle fonctionnait le mieux. L'étude a révélé que des couches intermédiaires plus minces permettaient une meilleure sensibilité aux changements de liquides, mais que les couches plus épaisses réagissaient plus rapidement. Les chercheurs ont aussi découvert que le capteur mettait plus de temps à se réinitialiser lorsqu’il entrait en contact avec des liquides à haute teneur en sel.
Encore au stade expérimental, le capteur est loin d’être commercialisé. Les chercheurs ne peuvent d’ailleurs pas prédire combien coûtera cette technologie, ni si le public sera disposé à l’acheter et à l’utiliser. Toutefois, précisent les chercheurs, ces capteurs dentaires pourront être d’une aide précieuse à celles et ceux qui surveillent leur régime alimentaire, leur apport en nutriments ou encore qui veulent contrôler leur consommation d’alcool.