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Alerte UFC Que-choisir

Un pharmacien sur quatre conseille des doses nocives de paracétamol.

Par le Dr Jean-François Lemoine

La dernière enquête de  l’excellent magazine d’UFC-Que choisir jette un énorme pavé dans la mare du conseil en pharmacie : ces professionnels du médicament auraient la main très lourde avec les doses de paracétamol qu’ils conseillent ; en dépassant une fois sur quatre les doses toxiques. L’occasion pour Pourquoi Docteur de rappeler que ce médicament star est, avec l’aspirine, un vrai médicament, donc potentiellement dangereux si on ne suit pas la prescription.

Attention au foie.../solar22
MOTS-CLÉS :

C’est une enquête  effectuée au mois de novembre ; une enquête très simple. Dans 772 pharmacies de 16 agglomérations françaises, les membres d’UFC-Que choisir on demandé - c’est en vente libre - deux médicaments contre le rhume : du doliprane 1000mg et de l’Actifed Rhume. Un piège bien gros, puisque ces deux produits contenant le même principe actif, le paracétamol, il n’est  donc pas conseillé de les associer au rique de dépasser la dose dangereuse. Un piège bien gros mais pourtant dans lequel est tombés une pharmacien sur 4 ; Une pharmacie sur quatre devrait-on plutôt dire, car aucun pharmacien ne peut ignorer un élément aussi basique. 3 sur 4 ont  d’ailleurs bien réagis. Mais il ne doit pas y avoir que des gens qui ont fait des études de pharmacie dans les officines.

On touche du doigt, avec ces résultats, le problème de l’automédiacation, car il est probable qu’aucin médecin n’aurait commis cette prescription, (peut-être l’idéed’une nouvelle enquête pour UFC-Que choisir).

Et c’est aussi l’occasion de dire que, les deux médicaments les plus consommés dans le monde, l’aspirine détronée largement depuis quelques années par le paracétamol, ne sont pas des bonbons inoffensifs

Une star centenaire

Tout le monde sait que l’aspirine est, sans doute, la plus grande découverte médicamenteuse du XIXe siècle et, en plus de cent ans, l’émerveillement n’a cessé de grandir. Mais, l’aspirine, sans parler des trous qu'elle peut faire dans l'estomac est, a haute dose, également un médicament extrêmement dangereux, que les services de réanimation connaissent bien. Il ne se passe, en effet, pas de mois sans l’arrivée aux urgences de parents trop bien intentionnés qui, pour faire baisser une fièvre trop importante, en se trompant avec les médicaments destinés aux adultes, administrent une dose toxique. Les conséquences sont alors souvent dramatiques. Il faut donc rappeler la dose toxique: Chez l'enfant il est préférable d’oublier ce médicament. Pour l'adulte on estime que trois grammes, c'est à dire 6 comprimés traditionnels à 500 milligrammes sont un maximum quotidien. Si vous êtes perturbés par ces chiffres et pas familiers avec les dosages,  il faut toujours être vigilant et bien regarder ce qui est écrit sur le conditionnement.

Paracétamol et suicide

Face à ces problèmes de toxicité, au XXème siècle, la recherche médicale s’est offert la parade avec la découverte du paracétamol qui a  presque les mêmes avantages que l’aspirine sur la douleur et la fièvre La médecine dispose donc d’un médicament apparemment moins dangereux.

Sauf que les spécialistes du foie se sont vite aperçus qu’au-delà d’une certaine dose quotidienne, les dégâts sur cet organe deviennent irréparables. Il est, en effet, absolument impératif de ne jamais dépasser 4 grammes pour l’adulte par jour et 60 mg par kilo et par jour, pour l’enfant. Et cela à condition d’avoir un foie en parfait état.

Sauf que ce médicament est devenu en Angleterre le premier médicament du suicide. Il est là-bas souvent vendu dans sa forme efferverscente, qui demande l’absorption d’une dose de liquide trop importante pour dépasser la dose mortelle.

Sauf que certains laboratoires ont « inventé » des comprimé contenant 1 gramme de produit, comme le Doliprane 1000 mg,  pour « théoriquement » permettre aux personne âgées qui prennaient plus de 6 paracétamols par jour, d’avoir moins de médicaments à consommer ! Des gens âgés qui ont parfois vite oubliés ce nouveau dosage, pour revenir au nombre de comprimés habituels, franchissant allégrement, de bonne foi, la dose mortelle.

Seule la dose compte

Il n’est donc pas inutile de rappeler qu’un médicament ne se prend pas en considérant uniquement la forme, c’est-à-dire le nombre de comprimés, mais en additionnant les doses réelles administrées. Une simple addition vous permettra de vérifier si la prescription de votre médecin est respectée. Cela évitera les conséquences d’un geste souvent anodin car le soulagement qu’apportent ces produits exceptionnels est indiscutable ce qui explique leur formidable succès…