Grâce à l’Imagerie par résonnance magnétique, l’IRM, les chercheurs savent aujourd’hui parfaitement déterminer à quelle zone du cerveau dépendent la lecture, la parole, mais aussi la pensée et des émotions aussi complexes que celle de la musique ou les délires mystiques. Cette découverte de notre intimité, n‘est pas, d’ailleurs, sans susciter des questions nombreuses, dont certaines sont bien embarrassantes… Par exemple celle posée par les expériences menées sur les comateux. Si l’on demande, lors d’un examen IRM, à l’une de ces personnes enfermées dans un sommeil profond, de courir, on voit la zone correspondant à ce mouvement « s’éclairer », preuve que celui qui reçoit l’ordre, l’exécute, du moins « cérébralement ». Même dans un état végétatif complet, certains malades comprennent et se trouve en état mental d’y répondre. Il est donc techniquement possible, même si c’est délicat, de faire passer une IRM à un malade en coma dépassé, pour vérifier si la mort correspond bien à la notion d’électroencéphalogramme plat. Dans le cas contraire, on imagine le bouleversement éthique que cela provoquerait.
Autre utilisation, douteuse, de l’IRM, est d’utiliser ces appareils en imparables détecteurs de mensonge. Toutefois, le cerveau démontre notre capacité de masquer certaines de nos réflexions. Le Pr Denis Le Bihan*, dans son excellent ouvrage « Le cerveau de cristal », en a apporté la preuve il y a quelques années. Il avait demandé à des collègues volontaires de ne penser qu’à des mots commençant par L, P ou R. A la sortie de la machine, aucun mot débutant par L n’avait été détecté. Dysfonctionnement de l’appareil et fin de l’expérience ? Non ! Tout simplement, une mauvaise blague des collaborateurs, qui s’étaient mis secrètement d’accord pour éviter les mots commençant par cette lettre… La machine ne peut pas tout découvrir sans collaboration. Mais la conscience ne peut toutefois pas interdire au cerveau de s’illuminer lorsqu’une phrase est proposée dans une langue connue, sans aucune participation de la personne examinée… Difficile de mentir sur ses origines réelles. Cette connaissance ne peut pas être cachée. L’IRM a clairement entrouvert la porte du système judiciaire et policier, et ce n’est qu’un premier pas.
Meilleur diagnostic, opérations plus efficaces
L’IRM dans son utilisation anatomique a permis à la médecine d’affiner ses diagnostics et aux chirurgiens du cerveau d’opérer avec les meilleurs repères ; Son utilisation fonctionnelle ouvre d’autres horizons. Lesquels, en dehors d’une meilleure compréhension, ce qui n’est déjà pas mal ? Il est probable que l’on pourra agir sur les grandes fonctions du cerveau. On sait déjà faire éclater de rire un dépressif profond. Mais pour le soigner au long court, le chemin est sans doute encore long.
L’homme peut, au mieux, analyser des « régions » de quelques millimètres cubes dont on sait qu’elles sont elles-mêmes constituées d’une mosaïque de régions au fonctions différentes. Même si un projet Suisse, richement doté, essaie de créer une vraie intelligence artificielle, l’âme humaine sera protégée encore un certain temps, par les possibilités de l’infiniment petit, mais les progrès sont dans ce domaines les plus rapides de la recherche médicale.
Le gout du hamburger
La grande distribution est beaucoup plus pragmatique et s’est emparée depuis longtemps des premiers résultats, moins fondamentaux qu’il n’y paraît, puisqu’elle utilise déjà l’IRM pour prévoir les réactions intimes des consommateurs devant une image, une forme mais aussi un goût. C’est ainsi que celui des hamburgers d’une célèbre marque est très différent d’un pays à l’autre, ce qui n’est absolument pas le fruit du hasard.
« Le cerveau de Cristal » par Denis Le Bihan
Editions Odile Jacob