Les professionnels de santé sont de plus en plus séduit par le discours de la ministre de la santé qui sans langue de bois poursuit sa mission très « santé publique ». La preuve aujourd’hui dans l’émission "Questions politiques" de France Inter, France Info et Le Monde.
« Nous sommes très mauvais en prévention en France, nous avons un système de santé qui ne finance que les soins une fois qu’on est malade et qui finance très mal les actions de prévention » (…) « Donc demain, avec le premier ministre, nous allons lancer un grand plan de prévention avec des mesures extrêmement concrètes, qui vont permettre aux Français de moins tomber malades et de préserver des vies »
Le lancement est prévu dès lundi matin, avec le premier ministre lors d’un comité interministériel dans les locaux de Santé publique France dans le Val-de-Marne.
En quoi consiste le dépistage du cancer du col de l’utérus ?
Il se fait grâce au frottis vaginal
Le dépistage du cancer du col de l’utérus est recommandé chez les femmes âgées de 25 à 65 ans. Pour qu’il soit efficace, il doit être réalisé tous les trois ans, après deux premiers frottis normaux effectués à un an d'intervalle. Le médecin traitant, le gynécologue ou le biologiste sont aptes à réaliser les frottis. Le principe est simple, il consiste à faire un prélèvement indolore et rapide de cellules du col et à les analyser au laboratoire d’anatomopathologie.
Attention, cet examen doit être repoussé dans certaines conditions qui rendraient le résultat douteux. Ainsi, il ne faut pas le faire en période de règles ou pendant une infection vaginale en cours de traitement ou non. Il faut éviter d’avoir une relation sexuelle 24 heures avant et d’utiliser des gels spermicides.
Pour réaliser le frottis, le médecin place la personne en position gynécologique, c’est-à-dire allongée avec les jambes légèrement surélevées dans des étriers. Le médecin place un « spéculum », un petit appareil qui permet d’ouvrir l’orifice de la vulve et visualiser l’exocol à fond du vagin. Ensuite à l'aide d'une petite brosse à usage unique, le médecin récupère délicatement des cellules au niveau du col. L’échantillon recueilli est étalé sur une lame ou conservé dans un liquide de transport pour envoi au laboratoire.
Une fois le frottis analysé, les résultats sont disponibles en quelques jours auprès du laboratoire ou du médecin prescripteur.
Comment comprendre les résultats du dépistage ?
Le frottis cervico-utérin n’est pas fiable à 100 %. Il ne détecte que 70 % des lésions précancéreuses et peut parfois donner un résultat faussement positif. Chaque résultat positif devra être confirmé par une biopsie du col, c’est-à-dire prélever un morceau de la muqueuse et pas juste un brossage de cellules. Il se peut qu’un résultat positif au dépistage devienne négatif lors de la biopsie à cause d’une mauvaise lecture au microscope, ou d’un prélèvement réalisé dans de mauvaises conditions.
Les résultats du laboratoire d’anatomopathologie peuvent être difficiles à comprendre, et doivent être expliqués par le médecin.
- si le frottis est ininterprétable, aucun résultat ne sera rendu, et il faudra recommencer le prélèvement.
- si le résultat est normal, il sera généralement indiqué « absence de lésion maligne ».
- si le résultat est anormal, plusieurs informations seront mentionnées : le type de cellules anormales (malpighiennes et/ou glandulaires) avec le stade des lésions précancéreuses (bas grade ou haut grade) ou bien le type de cancer s’il est déjà évolué.
- si le résultat est douteux (ASCUS ou ASCH), un contrôle à 6 mois sera conseillé.
Quelle est la place de la vaccination contre le papillomavirus (HPV) ?
Le seul moyen de se protéger et de prévenir l’apparition du cancer du col de l’utérus est la vaccination à l’adolescence, avant les premiers rapports sexuels, contre l’HPV, le virus responsable. Il s’agit du seul cancer qui dispose à ce jour d’un vaccin.
Il existe deux vaccins disponibles, le Cervarix et le Gardasil. Le Cervarix est un vaccin bivalent, c’est à dire qu’il protège contre deux formes de papillomavirus, l’HPV16 et l’HPV18. Le Gardasil, quant à lui, est un vaccin quadrivalent qui protège contre quatre formes de papillomavirus, l’HPV6, 11, 16 et 18.
La vaccination est recommandée pour les jeunes filles entre 11 et 14 ans et peut être rattrapée pour les adolescentes et les jeunes femmes de 15 à 19 ans. Il est conseillé, pour une meilleure efficacité, de ne pas avoir été en contact avec le papillomavirus. En d’autres termes, il faut vacciner de préférence avant le début de la vie sexuelle.
Les recommandations établies préconisent l’injection de deux doses espacées de 6 mois d’intervalle. Pour le rattrapage, trois doses seront administrées : la deuxième injection à 1 mois d’intervalle de la première pour le Cervarix et à 2 mois de la première pour la Gardasil, puis la troisième à 4 mois d’intervalle de la deuxième injection.
La capacité à provoquer une immunité du vaccin bivalent est meilleure que celle du vaccin quadrivalent, en revanche il ne couvre que deux types d’HPV. Le choix du traitement préventif sera laissé à l’appréciation du médecin et de sa patiente.
Toutefois, la vaccination contre l’HPV ne se substitue pas au dépistage systématique par le frottis cervico-vaginal. Les recommandations sur sa fréquence de réalisation sont identiques que la jeune femme ait été vaccinée pendant l’enfance ou non.
Quand faut-il évoquer un cancer du col de l’utérus ?
Toute femme ayant une vie sexuelle active doit faire l’objet d’une surveillance particulière, surtout si elle présente un ou plusieurs facteurs de risque. Le seul moyen efficace de surveillance est le dépistage par frottis cervical chez le gynécologue.
Néanmoins, si le dépistage n’est pas réalisé de façon régulière, tout saignement d’origine gynécologique anormal et inhabituel doit faire évoquer la possibilité d’un cancer du col de l’utérus
Qu'est-ce que le cancer du col de l’utérus ?
L’appareil reproducteur de la femme est constitué de trois grandes parties : le vagin, l’utérus et les ovaires. Le col de l’utérus correspond à la partie basse de l’utérus qui fait la jonction entre le corps de l’utérus et le vagin.
Le col mesure environ 2 cm de long et se compose en deux zones : « l’endocol », qui se situe à l’intérieur de l’utérus et « l’exocol », qui se situe du coté du vagin. Le rôle du col de l’utérus est double : il secrète la « glaire cervicale » qui lubrifie le vagin et protège l’utérus de la prolifération des microbes et il participe au bon déroulement de la grossesse en se fermant lors de la gestation et en s’ouvrant lors de l’accouchement.
Deux types de cellules composent la muqueuse du col utérin. Les « cellules glandulaires » qui sécrètent la glaire cervicale tapissent l’endocol et les « cellules malpighiennes » qui tapissent l’exocol. La démarcation entre les deux types de cellules s’appelle « la jonction pavimento-cylindrique ».
Les cellules du col de l’utérus subissent parfois des modifications qui les rendent anormales et augmentent leur multiplication. La prolifération rapide de ces cellules cancéreuses va former une masse que l’on appelle la tumeur cancéreuse.
Avant d’arriver au stade de cancer, les cellules passent par une période précancéreuse appelée « dysplasie ». Lorsque ces lésions débutantes sont repérées tôt, il est beaucoup plus facile de traiter la malade et de la guérir avant que le cancer n’évolue. C’est tout l’enjeu du dépistage précoce du cancer du col de l’utérus.
Le cancer du col de l’utérus est un cancer de la femme jeune avec plus de 67 % de cas diagnostiqués avant l’âge de 65 ans.
Quelles sont les causes du cancer du col de l’utérus ?
La cause principale identifiée, et qui concerne près de 90 % des cancers du col de l’utérus, est l’infection prolongée par un virus : le « papillomavirus humain » (ou HPV). L’HPV est un virus sexuellement transmissible fréquemment rencontré chez les femmes. Il en existe plus d’une centaine de types différents mais seuls une dizaine sont cancérigènes.
Une fois dans l’organisme, le virus se loge au niveau de la muqueuse du col. Il pourra être éliminé naturellement, et même ne provoquer aucun signe particulier. Parfois, il provoquera une infection du col sans gravité. Mais dans certains cas, l’infection persiste et, s’il reste pendant plusieurs années, le virus agressera lentement les cellules et les transformera en cellules précancéreuses puis cancéreuses.
La survenue du cancer est favorisée par plusieurs facteurs de risque identifiés comme augmentant la probabilité de contamination par l’HPV. Néanmoins, la règle de base pour les facteurs de risque est simple. Leur présence n'entraîne pas systématiquement le développement d'un cancer, de même, que leur absence n’empêche pas son apparition.
L’histoire sexuelle de la femme est le premier facteur de risque. Si elle a eu son premier rapport sexuel avant l’âge de 17 ans, les modifications physiologiques du col lors de la puberté le rendent plus vulnérable à l’HPV. De même que multiplier le nombre de partenaires et délaisser l’usage de préservatif augmentent le risque d’infection par HPV.
Les accouchements multiples sont à risque. Plus le nombre d’accouchement est élevé, plus le risque de cancer du col augmente.
Le tabagisme est, paradoxalement associé à une plus grande fréquence de cancer du col. Lorsqu’une femme fume, les substances toxiques contenues dans la cigarette se retrouvent dans la glaire cervicale, fragilisent les cellules du col et y facilitent la pénétration du virus. Ce risque est proportionnel à la quantité de cigarettes fumées.
La contraception orale type pilule estro-progestative favoriserait la survenue de cancers glandulaires.
Les femmes vivant dans des conditions socio-économiques défavorisées sont également sujettes aux infections à l’HPV, notamment à cause de l’absence récurrente de mesures de dépistage et de visite chez le gynécologue.
Comment faire le diagnostic de cancer du col de l’utérus ?
Le plus souvent, le cancer du col de l’utérus est découvert par hasard au cours du dépistage par frottis cervico-utérin.
D’où l’intérêt de l’annonce de ce dépistage gratuit