Une consommation d’alcool excessive favorise le développement du cancer du sein. Telle est la conclusion d'une récente étude scientifique publiée dans la revue Addiction. Plus précisément, l'alcool est à l'origine de 8 081 nouveaux cas de cancers du sein par an en France, soit plus que le cancer colorectal (6 654 cas), de la cavité buccale et du pharynx (5 675 cas), du foie (4 355 cas), de l'œsophage (1 807 cas) et du larynx (1 284 cas).
L'alcool dégrade l'ADN et favorise l'apparition des tumeurs
Un verre par jour suffit à augmenter les risques de développer un cancer du sein, même si l’augmentation du risque est proportionnelle à la quantité d’alcool consommée. Même en très petites quantités, l’éthanol contenu dans les boissons alcoolisées est en effet transformé dans l’organisme en composés favorisant le développement de la maladie.
Des données inquiétantes quand on sait que les femmes rattrapent petit à petit les hommes en termes de consommation d’alcool. Chez les personnes nées entre 1891 et 1910, "les hommes étaient 2,2 fois plus susceptibles que les femmes de consommer de l'alcool, 3 fois plus susceptibles de boire de l'alcool de façon problématique et 3,6 fois plus susceptibles d'être affectés par des effets néfastes liés à l'alcool" détaille un article publié en 2016 par la revue britannique British Medical Journal (BMJ). Des ratios qui tombent respectivement à 1,1 fois, 1,2 et 1,3 pour les populations nées entrée 1991 et 2000, âgées de 18 à 27 ans aujourd'hui.
Début janvier, une étude anglaise apportait déjà la preuve qu'une consommation excessive d'alcool pouvait entraîner des dommages irréversibles sur nos cellules génétiques. "De très solides preuves montrant qu’un des métabolites contenus dans l’alcool endommage l’ADN, (entre autres) au niveau des cellules-souches destinées à générer des tissus par la suite", expliquait Ketan Patel, auteur principal de l'étude. D'après le scientifique, cette dégradation de l'ADN favoriserait l'apparition de tumeurs malignes et de cancers.
11 883 décès recensés en 2017
L’Institut National contre le cancer (INCA) recommande donc aux Français, qui comptent parmi les plus gros consommateurs d’alcool au monde, de ne pas consommer d’alcool régulièrement et de réduire autant que possible sa quantité. Selon l'étude parue dans Addiction et cosignée par l'épidémiologiste Catherine Hill, une baisse de 10% de la consommation d'alcool en France aurait empêché plus de 2 000 nouveaux cas de cancer en 2015.
Pour rappel, même s’il se soigne de mieux en mieux, le cancer du sein engendre le plus grand nombre de décès chez la femme, nettement devant le cancer du côlon-rectum et du poumon : 11 883 personnes sont décédées en 2017 des suites d’un cancer du sein.