Sous la direction du Pr Michael Hanna du Centre des maladies neuromusculaires à la University College London, des chercheurs britanniques ont découvert qu’une mutation génétique rare pouvait potentiellement être impliquée dans les cas de mort subite du nourrisson. Leur étude étude a été publiée le 28 mars dans la revue scientifique The Lancet.
New research identifies potential genetic link in sudden infant death syndrome #SIDS https://t.co/r4SA9rMddr pic.twitter.com/dzEcXqEp3v
— The Lancet (@TheLancet) 28 mars 2018
Une mutation génétique rare, le SCN4A
Au cours de leurs travaux, les chercheurs ont étudié les cas de 278 enfants décédés de façon inattendue et classés comme affiliés à la mort subite du nourrisson : 84 au Royaume-Uni et 194 aux États-Unis. Ils ont notamment comparé leurs gènes avec ceux de 729 adultes appariés qui n’avaient aucun antécédent de maladie cardiovasculaire, respiratoire ou neurologique.
Ils ont alors mis en évidence la mutation du gène SCN4A, qui peut entraîner une série de problèmes neuromusculaires génétiques (myopathies, syndromes myasthéniques...), ainsi qu'à des difficultés à respirer. Cette mutation reste cependant très rare : elle n’a été retrouvée que chez quatre des enfants décédés et aucun des adultes. Ils estiment qu'on la trouve chez moins de cinq personnes sur 100 000. Selon les auteurs, cette mutation génétique pourrait fragiliser les muscles respiratoires des enfants et ainsi causer la mort subite du nourrisson, notamment "s’ils dorment dans une mauvaise position ou s’emmêlent dans les draps".
Les préconisations des professionnels
Toutefois, cette mutation génétique ne peut expliquer à elle seule tous les cas de mort subite du nourrisson constatés précisent les auteurs. Aussi est-il nécessaire de respecter les préconisations des professionnels pour éviter tout drame. Il est ainsi recommandé de coucher son enfant sur le dos dans un lit doté d’un matelas ferme, de ne pas utiliser d’oreiller ou de couette, mais de préférer une gigoteuse adaptée à la saison et de ne pas trop chauffer la chambre : la température de celle-ci doit être comprise entre 18 et 20° C. Attention aussi aux peluches et aux tours de lit : les bébés peuvent s’y coller et s’étouffer. Evitez également de coucher votre bébé dans un canapé, un lit adulte ou un fauteuil.
En somme, si dormir avec son nourrisson peut sembler plus pratique pour l'allaitement, il s'agit d'une très mauvaise idée. Cela multiplie par 5 le risque de mort subite selon une équipe de chercheurs britanniques de London School of Hygiene and Tropical Medicine qui a étudié en 2013, 19 études sur le sujet, soit 1472 cas. Résultat : 22 % des décès enregistrés étaient survenus dans des familles qui pratiquaient le "co-dodo" ou "cosleeping". Les chercheurs ont estimé que 88 % de ces morts inattendues du nourrisson ne se seraient "probablement" pas produites si les bébés avaient dormi dans leur berceau.
Les petits garçons sont les plus concernés
Les bébés issus d'une grossesse multiple, prématurés, de très petite taille lors de la naissance, non allaités, exposés au tabagisme passif ou foetal, ou encore de sexe masculin sont plus exposés. En effet, les petits garçons sont deux fois plus victimes de mort subite que les petites filles. Dans 25% des cas, aucune cause n'est trouvée pour expliquer le décès du nourrisson.
Survenant généralement avant l’âge de 6 mois, le syndrome de la mort subite du nourrisson (SMSN) est la mort inattendue d’un nourrisson apparemment en bonne santé durant son sommeil. Première cause de mortalité infantile post-néonatale dans les pays à revenus élevés, elle est à l’origine d’environ 2 400 décès par an aux États-Unis.
Environ 500 cas recensés chaque année en France
En France, une étude publiée en 2016 par l’Observatoire national de la mort inattendue du nourrisson a rappelé que la mort subite du nourrisson représentait près de 500 cas par an même si "dans les faits, nombre de morts inattendues sont classées mort subite du nourrisson et ne devraient pas l’être". Le taux de MSN est important dans les années 70%. Il faudra attendre les années 1990 pour que des campagnes de sensibilisation réduisent le nombre de cas de 75% en passant par exemple de 1464 cas en 1991 à 450 cas en 1996 et 358 cas en 1997 selon l'inserm.