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Bipolarité

Journée mondiale des troubles bipolaires : présentation d'une maladie méconnue et mal diagnostiquée

Par Barbara Azaïs

La Journée mondiale des troubles bipolaires qui a lieu ce 30 mars est l'occasion de rappeler la différence subsistant entre dépression et bipolarité. Une pathologie mal diagnostiquée, car trop souvent confondue. 

mercava/iStock

La Journée mondiale des troubles bipolaires a lieu ce vendredi 30 mars. Une date choisie en référence au suicide du peintre Vincent Van Gogh survenu en 1890, après un internement dans un asile français. Victime de troubles du comportement qui l'avaient conduit, notamment, à se couper l'oreille, l'artiste était très probablement bipolaire. Quels sont les symptômes de cette pathologie ? Pourquoi est-elle si difficile à diagnostiquer ?

Des variations d'humeur

Un trouble bipolaire est un trouble de l’humeur, avec des variations importantes. Souffrir de troubles bipolaires, c’est osciller entre ce que l'on appelle les phases hautes (manies ou hypomanies) et les phases basses (dépression) : l'hyperactivité, l'euphorie, l'irritabilité, la désinhibition, l'excitation, la compulsion (sexuelle, commerciale, financière) pour la première et la tristesse, le manque d'envie, la perte de plaisir, ou encore le désintérêt pour la seconde. Les personnes bipolaires - ou maniacodépressives- souffrent de troubles du sommeil (insomnie et hypersomnie) et de l'appétit. 

Les troubles bipolaires apparaissent souvent en réaction à un facteur déclenchant : il n’est pas rare de retrouver dans l’histoire personnelle du patient, une séparation, une perte d’emploi, un déménagement, ou une consommation régulière de substances illicites. Certains patients oscillant entre phases dépressives et phases d’excitation trouvent les périodes d’exaltation agréables, créatrices et craignent qu'un traitement, qui aura pour objectif de lisser leur humeur, ne les transforment en individus tristes et sans saveur. 

Un diagnostic tardif 

Puis il y a les personnes unipolaires qui vivent soit dans l'exubération, soit dans le repli, ce qui rend le diagnostic difficile. Seules celles en phase basse ont tendance à consulter et leurs symptômes sont souvent associées à une dépression. Résultat : leur traitement n'est pas approprié à leur pathologie. Environ 40% des dépressions seraient en réalité des troubles bipolaires mal diagnostiqués. La bipolarité reste mal connue du grand public et empreinte à de nombreux préjugés.

Pourtant, 2% de la population française, soit près de 1,3 millions de personnes, est concernée. Il s’écoule en moyenne 8 ans entre le début des troubles et la confirmation du diagnostic. Et en l’absence de traitements spécifiques - plutôt efficaces- les troubles bipolaires ont une répercussion importante dans tous les domaines de la vie : les désinsertions professionnelles sont nombreuses et le risque de divorce multiplié par trois.

Le risque de tentative de suicide 15 fois plus élevé

Ces troubles bipolaires sont d’autant plus invalidants que la maladie se déclare chez quelqu’un de plutôt jeune, au moment de son installation dans la vie, de ses études, ou lorsqu’il commence à constituer sa famille. Les symptômes vont souvent s’aggraver avec l’apparition de cycles rapides, c’est-à-dire plus de quatre épisodes par an. La médecine est face à un vrai problème de santé publique : le risque de tentative de suicide est 15 fois plus élevé chez les personnes bipolaires que dans la population générale : 25% d'entre elles ont fait des tentatives de suicide, lesquelles sont fatales dans 15% des cas.

La prise en charge doit être précoce, urgente et adaptée. Pour y parvenir, on ne rappellera jamais assez que face à ces symptômes, l’entourage doit être d’une vigilance extrême et ne pas hésiter à s’aider de l’avis de plusieurs psychiatres pour ne pas confondre les symptômes avec ceux d'une dépression.