A l'occasion de la Journée mondiale du trouble de l'autisme ce 2 avril, Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, a présenté sur Europe 1, l'un des principaux enjeux du quatrième plan autisme qui sera dévoilé en "fin de semaine" : le diagnostic.
"Dans la nouvelle stratégie, nous voulons pouvoir diagnostiquer les adultes qui ont des prises en charge qui ne sont pas adaptées, qui sont dans les hôpitaux psychiatriques où ils n’ont rien à faire ou alors dans des établissements médico-sociaux sans une bonne prise en charge parce non diagnostiqués", a-t-elle expliqué, consciente qu'en matière de politique de l’autisme, "la France se trouve loin derrière de nombreux pays de l’OCDE".
#Autisme : « C’est une vrai stratégie nationale que nous allons présenter. Nous allons replacer la recherche au cœur de notre politique publique car nous ne sommes pas à la hauteur » ???? @s_cluzel sur @Europe1 pic.twitter.com/vV4noJQ0Ox
— Handicap_gouv (@handicap_gouv) 2 avril 2018
Environ 80 % des enfants atteints d’autisme en France ne sont pas scolarisés. Or comme le souligne l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), "les interventions psychosociales fondées sur des données factuelles, comme les thérapies comportementales ou les programmes de formation des parents, peuvent réduire les difficultés au niveau de la communication et du comportement social et influer favorablement sur le bien-être et la qualité de vie des sujets atteints comme de leurs aidants".
A ce titre, scolariser les enfants apparait comme une évidence. "Il faut former les enseignants pour qu'ils puissent accompagner les enfants autistes scolarisés", a déclaré Sophie Cluzel. "Je veux déplacer le centre de gravité du médico-social vers l'école pour faciliter le parcours de vie des personnes". Ainsi a-t-elle insisté sur l'ambition du gouvernement de s'occuper du "logement inclusif" et du "retour à l’emploi, parce qu’on se prive de talents colossaux en n’accompagnant pas les personnes avec autisme à l'emploi".
Favoriser l'insertion des personnes autistes
De même, le gouvernement semble vouloir chasser les idées reçues pour favoriser l'insertion des enfants autistes dans la société : 37 % des Français pensent, à tort, que l’autisme est un trouble psychologique (étude Opinion Way, 2012). Or il s'agit d'un trouble chronique appartenant aux "Troubles du Spectre Autistique" (ou "TSA") qui sont caractérisés par des altérations qualitatives des interactions sociales, des problèmes de communication (langage et communication non verbale), ainsi que par des troubles du comportement correspondant à un répertoire d’intérêts et d’activités restreint et répétitif. "Il faut faire de la pédagogie, mieux montrer le handicap, afin de changer le regard de notre société".
« Il faut faire de la #pédagogie, mieux montrer le #handicap, afin de changer le regard de notre #société. » #E1Matin @Europe1
— Sophie Cluzel (@s_cluzel) 2 avril 2018
Une maladie sous-diagnostiquée
En janvier dernier, la Cour des comptes estimait qu'environ "1% de la population" était touchée par un trouble du spectre autistique (TSA) : soit 600 000 adultes et environ 100 000 enfants. En 2010, seules 75 000 étaient diagnostiquées et prises en charge dans le secteur médico-social et moins de 20% d’entre elles bénéficiaient d’un accompagnement au sein d’une structure dédiée.
"Il faut revenir aux fondamentaux qui sont les recommandations de la haute autorité de santé", a affirmé la secrétaire d’Etat, et "cesser les fausses idées, culpabilisantes pour les mères, cesser les fausses idées sur soi-disant des écrans qui viendraient perturber les enfants".
Comment diagnostiquer l'autisme ?
Les premiers signes évocateurs apparaissent souvent entre 18 et 36 mois. Les parents sont donc souvent les premiers à s'en rendre compte : lorsque l’enfant est trop calme ou au contraire, trop excité. Lorsqu'il semble indifférent au monde sonore et aux personnes qui l’entourent. S'il ne répond pas à l'appel de son prénom, ne montre pas ses émotions et fuit le regard. S'il ne réagit pas (ou peu) aux séparations et aux retrouvailles, ne sourit pas (ou rarement) et reste silencieux.
S'il ne se reconnaît pas dans un miroir, a des troubles de la marche sans cause physique, ne joue pas à faire "coucou" et ne cherche pas à imiter les adultes. S'il ne parle pas, n’arrive pas à répéter les mots et ne comprend pas les nouveaux mots. S'il développe des comportements répétitifs (reproduit toujours le même geste) et s’intéresse à un nombre très restreint d’objets. S'il ne joue pas de façon adaptée et souvent, se contente d’aligner ses jouets. Ou encore, s'il a des troubles du comportement alimentaire (ne mange qu’un seul aliment).