En juin dernier, une enquête sur les troubles mentaux des jeunes médecins, réalisée par quatre syndicats d’étudiants en médecine, avait été présentée à l’hôpital Sainte-Anne (Paris). Epuisement professionnel, anxiété, idées noires, dépression... le constat était alarmant : 28 % des 22 000 répondants avaient souffert de dépression et 23,7 % avaient déjà eu des idées suicidaires.
Ce mardi, dix mois après, la psychiatre Donata Marra, mandatée par le gouvernement, a rendu son rapport sur la Qualité de vie des étudiants en santé. Sa mission consistait à "identifier (les) risques auxquels ces étudiants sont confrontés" et à proposer des solutions pour "améliorer (leur) prise en compte tout au long de la formation". En fin de journée, les ministres de la Santé, Agnès Buzyn et de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, ont annoncé quinze mesures destinées à contrer leur souffrance.
Face à certaines situations de souffrance des étudiants en santé, nous avons décidé avec Frédérique Vidal de confier au Dr Donata Marra, une mission en juillet dernier. Objectif : mieux comprendre ces situations pour mieux agir. #PrendreSoinDesSoignants pic.twitter.com/K71cLOJwzj
— Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) 3 avril 2018
Des "structures d'accompagnement"
L'une des principales mesures annoncées par les ministres est la création de "structures d'accompagnement" dans les universités, pour faciliter le "dépistage des signes de souffrance mentale" et "l’obtention d’un avis psychiatrique". Dans un communiqué, l'InterSyndicale Nationale Autonome Représentative des Internes de Médecine Générale (ISNAR-IMG) affirme que "le centre national d’appui, chargé de coordonner les actions et de suivre l’évolution de la situation ne devra pas se limiter à un simple rôle d’observatoire. Il devra également être une ressource, un soutien, et surtout une référence en termes de recherche en pédagogie".
De même, le gouvernement a annoncé la création de "structures régionales en lien avec les associations étudiantes" afin de traiter les éventuelles "difficultés non résolues localement, notamment pour les internes". Toutes les formations en santé devront également inclure "un module transversal concernant les risques psycho-sociaux et la gestion du stress".
Recueil des bonnes pratiques, évaluation des lieux de stages, point d'étape annuel sur la qualité de vie lors des études de santé...notre engagement est plein et entier. #PrendreSoindesSoignants
— Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) 3 avril 2018
Les conditions de travail en stage
Les conditions de travail des stagiaires sont également dans le viseur de Donata Marra puisque le gouvernement requiert le "respect strict du repos de sécurité" et la "limitation à 48 heures du temps de travail hebdomadaire". Ce nouveau programme prévoit également "l’évaluation systématique des lieux de stage par les étudiants", avec la possibilité d’un "réexamen de l’agrément ou des conventions" si la note finale est "insatisfaisante".
Plus généralement, le plan prévoit de "repenser les cursus" pour "sortir d’une logique de compétition", notamment lors des épreuves classantes nationales (ECN), qui déterminent la spécialité des futurs internes en médecine. Décrite comme une source de stress et d'anxiété intense, le gouvernement a annoncé sa "disparition dans sa forme actuelle".
[#PrendreSoinDesSoignants] Ce matin, les ministres @VidalFrederique et @AgnesBuzyn ont annoncé 15 mesures pour le bien-être des étudiants en #santé.
— MinSolidaritésSanté (@MinSoliSante) April 3, 2018
Téléchargez le dossier de presse : https://t.co/9nDKCvqsef
Consultez le rapport du Dr Marra : https://t.co/BFbS82Blzc pic.twitter.com/kWrKSQFBhp
Le malaise des hôpitaux est passé par là
Il faut quand même remarquer que plus il y a de choses qui sont faites pour les étudiants et moins cela semble arranger leur vécu. Une situation qui ne serait peut-être pas étrangère au malaise actuel des hôpitaux. Les équipes soignantes sont en souffrance, souvent débordées de travail, avec des économies et des fermetures de lits, certains praticiens qui peuvent prendre des repos et d'autres non, tout ceci désorganisant le travail et faisant perdre le sens de la "mission".
L'apprentissage de la médecine qui est une forme de compagnonnage et qui bénéficiait de l'immersion complète d'un étudiant dans une équipe soignante, n'est peut-être plus aussi satisfaisant quand cette équipe est en souffrance. Le repos compensatoire après une garde, qui part d'un bon sentiment, est probablement une cause de moins bonne insertion des étudiants dans les équipes (un jour là, un jour pas là), les empêchant d'être un véritable maillon de ces équipes.