Boire régulièrement du café quand on est atteint de la maladie d’Alzheimer peut à terme avoir des conséquences néfastes sur les symptômes de la maladie. C’est ce que met en lumière une nouvelle étude publiée dans la revue Frontiers in Pharmacology.
Jusqu’ici, de nombreuses études préconisaient la consommation de café et donc de caféine pour prévenir les symptômes de démence, tant chez les patients atteints par la maladie d’Alzheimer que dans les processus de vieillissement normal. Pourtant, ces nouveaux travaux suggèrent que, une fois les symptômes cognitifs et neuropsychiatriques de la maladie développés, consommer de la caféine aurait pour effet de les aggraver.
Alzheimer, une maladie neurodégénérative
La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative qui entraîne la perte progressive et irrémédiable des fonctions mentales et en particulier de la mémoire. La majorité des personnes touchées présentent également des symptômes neuropsychiatriques tels que la démence, l’anxiété, l’apathie, la dépression, les hallucinations ou encore la paranoïa. Même si ces symptômes se manifestent de différentes manières selon les patients, ils sont souvent une source de détresse pour ces derniers, mais aussi pour leurs proches et les soignants.
Ce sont justement à ces symptômes que se sont intéressés les chercheurs. Ils ont ainsi réalisé leurs tests sur des souris âgées, dont certaines présentaient des troubles similaires à ceux de la maladie d’Alzheimer. «Les souris développent la maladie d'Alzheimer de manière très proche de celle des patients humains présentant une forme précoce de la maladie, avec non seulement les problèmes cognitifs typiques, mais aussi un certain nombre de symptômes similaires aux symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (SCPD), ce qui en fait un modèle valable pour vérifier si les avantages de la caféine seront en mesure de compenser ses effets négatifs possibles .», explique le Pr Raquel Baeta-Corral, principale auteure de l’étude.
Des symptômes neuropsychiatriques aggravés
Les chercheurs ont soumis les souris à un long traitement oral avec une très faible dose de caféine (0,3 mg / mL), soit l’équivalent de trois tasses de café pour un humain. Les résultats qu’ils ont obtenus indiquent que la caféine modifie le comportement des souris saines et aggrave les symptômes neuropsychiatriques de celles atteintes par la maladie d’Alzheimer. Ces dernières semblent ainsi particulièrement sujettes à la néophobie, soit la peur de tout ce qui est nouveau. Elles présentent aussi des comportements liés à l’anxiété, ce qui exacerbe leur symptômes comportementaux et psychologiques de la démence. L’apprentissage et la mémoire ne semblent pas avoir bénéficié des effets de la caféine.
« Nos observations des effets néfastes de la caféine dans un modèle de la maladie d'Alzheimer ainsi que dans des observations cliniques antérieures, suggèrent qu'une exacerbation des symptômes de type BPSD peut interférer en partie avec les effets cognitifs bénéfiques de la caféine », explique Lydia Giménez-Llort, chercheuse au Département de psychiatrie et de médecine légale de l'INc-UAB et chercheuse principale du projet.