L'expérience porte sur des souris mais ouvre d'incroyables perspectives quant à la compréhension du développement de l'espèce humaine. Des chercheurs américains viennent de démontrer que câliner ou pas son nouveau-né pouvait modifier son ADN, et ce pendant les six premiers mois de sevrage, le terme "câliner" recouvrant l'ensemble des soins physiques et psychologiques qu'il est possible d'apporter à un nourrisson.
Perméable
Comme l'explique la nouvelle étude publiée dans Science, l'ADN du nourrisson est perméable aux variations de son environnement. Si on savait déjà que les 25 000 gènes qui le constituent peuvent s'activer ou se désactiver en fonction des stimuli extérieurs, on ignorait totalement qu'ils pouvaient aussi changer d'ordre, de répartition et de nombre en fonction du traitement reçu.
Pendant deux semaines, les chercheurs américains (Tracy A. Bedrosian, Carolina Quayle, Nicole Novaresi et Fred. H. Gage) ont observé deux groupes de souris femelles accompagnées de leur petit. Le premier groupe était constitué de mamans souris attentionnées, prodiguant soins et toilettages à leur rejeton, tandis que le second groupe était formé de maman souris délaissant leur bébé.
En se focalisant sur les cellules cérébrales des nouveau-nés, les chercheurs ont constaté que l'ADN de bébés souris ayant reçu plus d'attention de leur mère était stable, alors que l'ADN des souriceaux délaissés se modifiait. Chez ces derniers, certains gènes se dupliquaient et apparaissaient plusieurs fois à la suite dans la structure ADN, selon un procédé appelé rétrotransposition.
Modification
Concrètement, la rétrotransposition a, selon les chercheurs américains, donné naissance à des souris adultes plus stressées et moins bien adaptées à leur environnement que les souris n'ayant pas connu de modification ADN pendant leurs premiers mois de vie.
Transposée sur le plan humain, cette découverte ouvre d’importantes perspectives concernant les recherches sur l’ensemble des maladies neurologiques ou psychiatriques, comme la dépression ou la schizophrénie. Elles pourraient trouver leur origine lors des six premiers mois de vie. "Sans oublier que la découverte ouvre la possibilité d'attaquer ces pathologies par des traitements biochimiques visant directement le mécanisme de rétro-transposition des gènes sauteurs", précise Science et Vie.