La perte d’un proche, une dispute familiale, une maladie ou des difficultés financières sont des épreuves que nous sommes tous susceptibles de connaître un jour. Douloureux et souvent compliqués, ces événements influent sur notre moral et peuvent parfois occasionner de la déprime, voire une dépression. D’après une étude menée par des chercheurs de l’Université de Californie à San Diego (Etats-Unis), ils seraient aussi responsables du vieillissement accéléré de notre cerveau.
Un vieillissement accéléré d’un tiers d’année
Dans leurs travaux, publiés jeudi 5 avril dans la revue Neurobiology of Aging, les chercheurs expliquent avoir constaté que des événements difficiles comme un divorce, une séparation, une fausse couche ou la mort d’un proche pouvaient accélérer le vieillissement du cerveau des hommes de plus de 55 ans, et ce même en prenant en compte des facteurs associés au risque de vieillissement comme la consommation d’alcool, le risque cardiovasculaire, l’ethnicité et le statut socioéconomique.
Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques ont étudié 359 hommes âgés de 57 à 69 ans participant à une étude intitulée Vietnam Era Twin Study of Aging (VETSA). Il leur a été demandé de dresser une liste des événements stressants qui ont changé leur vie au cours des deux dernières années. Une précédente liste leur avait été demandée cinq ans auparavant lorsqu’ils ont rejoint l’étude. Tous les participants ont ensuite subi des examens d’IRM afin de mesurer le volume et l’épaisseur de leur cortex cérébral, c’est-à-dire de la couche externe du cerveau liée à la conscience, à la mémoire, à l’attention et à la pensée.
Les chercheurs se sont alors aperçus que chaque événement stressant et difficile était associé à une augmentation de la différence d’âge cérébral prédit de 0,37 ans. En d’autres termes, un seul événement douloureux peut physiologiquement vieillir le cerveau d’un tiers d’année par rapport à l’âge chronologique de la personne. Cela est particulièrement vrai pour certains événements difficiles comme un divorce ou une séparation et un décès familial, explique le Pr Sean Hatton, chercheur postdoctoral à l’UC San Diego School of Medicine et principal auteur de l’étude.
D’autres études sont nécessaires
Jusqu’ici, l'exposition au stress chronique a longtemps été associée à l'altération biologique du cerveau et à son vieillissement prématuré, dû notamment aux dommages oxydatifs et mitochondriaux dans les cellules, à la réponse immunitaire déficiente et aux changements génomiques. Ces nouveaux travaux fournissent désormais un lien possible entre le vieillissement moléculaire, les changements de la structure du cerveau et la survenue d’événements de vie stressants.
Pour les chercheurs, leurs travaux sur la prédiction de l’âge du cerveau pourront notamment être utiles afin d’aider les patients à comprendre leur santé cérébrale par rapport à leur âge. Ils pourront aussi être précieux dans les essais cliniques pour améliorer la conception de l’étude et le recrutement de participants.
Toutefois, reconnaissent les chercheurs, leurs travaux constituent un instantané d’une démographie étroite, puisqu’ils ne se sont intéressés qu’à des hommes blancs de plus de 55 ans. Des études supplémentaires, impliquant un plus grand nombre de participants de sexe, d’âge et d’ethnies différentes, sont donc nécessaires pour confirmer leurs conclusions.