L’exemple récent de cet homme qui a survécu 18h à une défaillance cardiaque prouve au moins une chose. En arrêt total ou pas, le simple fait de l’avoir massé a permis à la vie de reprendre le dessus.
Que faire en cas d’arrêt cardiaque ?
Il faut masser ! C'est une situation à laquelle on ne pense pas vraiment tant qu'on y est pas confronté... Tant que quelqu'un ne s'effondre pas devant nous sur un trottoir... Que faire face à une personne qui fait une crise cardiaque, une fois bien sur qu'on a appelé les secours ?
Masser c’est appuyer très fort au milieu du thorax. Cela suffira à entretenir une légère circulation en attendant les professionnels. Pas d’excuses, tout le monde a vu cela à la télé.
Le principe du massage ?
C'est de réactiver la pompe qu'est le cœur. Le cœur est avant tout un muscle très simple, qui sert de pompe. Il suffit d’appuyer très fort sur lui pour que ce muscle continue à faire le boulot. Pas suffisamment pour reprendre ses activités, mais pour garantir que l’organe noble, le cerveau continue à être un peu alimenté en sang, donc en oxygène.
Pendant combien de temps ?
Le problème de temps se joue en deux dimensions :
Au moment de l’arrêt, il faut aller vite parce qu’il y a 10% de mortalité en plus par minute qui passe sans rien faire.
Ensuite même sans connaître la technique, le simple fait d’appuyer sur la région du cœur provoque un minimum de circulation sanguine qui peut entretenir le petit filet de la vie. Donc, une fois les secours prévenus, il ne faut plus s’arrêter. C’est un professionnel des secours qui prendra le relais et la décision d’arrêter.
A quel rythme ?
Une astuce. On se demande toujours à quel rythme le faire le massage. Les Américains le font, très officiellement, au rythme de Staying Alive des Bee Gees.
Faut-il absolument faire le bouche-à-bouche en même temps ?
C’était la règle il y a quelques années. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le massage est la priorité absolue.
Est-ce que tout le monde peut l'improviser ?
L’improviser c’est beaucoup moins bien que de le réciter. Il y a chaque année, en Europe, 350 000 personnes qui meurent d’un arrêt cardiaque. Lorsque cet arrêt se produit hors de l’hôpital, le massage cardiaque n’est effectué qu’une fois sur 5 ! Par solitude – cela peut arriver – mais la plupart du temps par méconnaissance… C’est ahurissant. Mais le pire est à venir ! En France 15% des gens connaissent les gestes d’urgence contre 60% en Suède. Conséquence terrible : en France, 5% des victimes d’arrêt cardiaque survivent ; 40% en Suède. On a calculé qu’on pourrait sauver 100 000 vies par an ; beaucoup en France.
Est-ce que "tenter un massage cardiaque" quand on n'a pas appris le faire n'est pas prendre un risque d'aggraver les choses ?
Non c’est difficile d’aggraver la mort…
On voit un peu partout des défibrillateurs. Est-ce que c'est facile de s'en servir ?
Oui absolument. Car si le cœur est un muscle, il est aussi une pile... Et dans de nombreux cas d'arrêt, il continue de battre, mais le rythme des battements est tellement anormal que les contractions cardiaques sont inefficaces et que le cœur ne peut plus faire circuler le sang. On dit qu’il est en « fibrillation ». Donc il faut...un défibrillateur !
Le Samu en a des très puissants mais s’il arrive trop tard, ce petit appareil qui est dans des endroits stratégiques, va faire de vous, l’homme du miracle ; à condition d’envoyer le choc électrique qui va “débuguer” la pile, le plus vite possible. Et surtout ne craignez pas de mal faire, et pas besoin de répéter il suffit de savoir lire. Une fois en place c’est la machine qui prends les commandes, sans vous demander votre autorisation.
Où peut-on apprendre ?
Il n’y a pas d’âge pour s’y mettre, parce que, en dehors du civisme pas particulièrement développé chez les français, dans 9 cas sur 10, c’est sur quelqu’un de très proche qu’on doit le faire… Donc allez voir, sur les sites de la Croix Rouge, des Pompiers ou de votre mairie, l’endroit où vous pourrez apprendre. Enfin il faut quand même insister sur un scandale Franco-Français : C’est formidable que nos enfants apprennent à disséquer des grenouilles en SVT, mais c’est un véritable scandale qu’ils quittent l’école primaire sans avoir consacré les deux heures – c’est tout, deux heures, ce n’est rien – pour apprendre ces gestes, à vie.