Des chercheurs ont mené une étude visant à déterminer quelle est la meilleure technique de prévention de la récidive après une dépression.
Ils ont comparé l’efficacité d'un traitement antidépresseur d'entretien à une thérapie cognitive associé à des antidépresseurs, et à cette même association mais avec une diminution du traitement antidépresseur.
Leurs résultats ont été publiés dans le Lancet le 3 avril 2018.
L'épisode dépressif majeur
Selon les chercheurs, la dépression devrait se classer au deuxième rang en 2030 en termes de coûts de soins. Ceci étant en grande partie du à la nature hautement récidivante de cette maladie. Une stratégie de prévention est donc indispensable chez les patients à haut risque de rechute ou de récidive.
Après une dépression, on met généralement en place une stratégie visant à éviter tout risque de rechute ou de récidive. Cette dernière repose actuellement sur l’utilisation d’antidépresseurs sur plusieurs mois. Cependant, il semblerait que certaines personnes développent une sorte de résistance aux propriétés des antidépresseurs lors d’une durée d’exposition importante. Une alternative pourrait voir le jour à travers les thérapies cognitives préventives.
Evaluer l'impact de la thérapie cognitive
Les chercheurs ont analysé au cours d’un essai contrôlé randomisé de 24 mois le nombre, la durée et la sévérité de la récidive d'une dépression chez des personnes ayant déjà eu au moins deux épisodes dépressifs. Toutes étaient en rémission après un traitement antidépresseur instauré depuis au moins 6 mois (un ISRS dans 80% des cas).
Les participants ont été répartis en trois groupes : le premier recevait un traitement antidépresseur, le deuxième suivait une thérapie cognitive préventive tout en diminuant le traitement antidépresseur, le troisième suivait la thérapie cognitive préventive sans réduire la dose du traitement antidépresseur.
La pertinence de la thérapie cognitive
En pratique, le taux de récidive dans le groupe antidépresseur associés à la thérapie cognitive est significativement plus faible que dans les deux autres groupes. Par ailleurs, aucune différence significative dans le nombre ou la sévérité des récidives n’est observée entre les antidépresseurs seuls et la thérapie cognitive préventive avec diminution des antidépresseurs.
Cet essai clinique randomisé montre également que, en terme de prévention des récidives, les antidépresseurs ne sont pas supérieurs à la thérapie cognitive avec diminution du traitement antidépresseur d’entretien. Mais l’association de cette thérapie cognitive au traitement antidépresseur entraîne une diminution de 41% du risque par rapport aux antidépresseurs seuls.
New research: Effectiveness of preventive cognitive therapy while tapering antidepressants versus maintenance antidepressant treatment versus their combination in prevention of depressive relapse or recurrence (DRD study): a three-group, multicentre RCT https://t.co/DTv92aQcaJ pic.twitter.com/YadfjDTxDH
— The Lancet Psychiatry (@TheLancetPsych) April 4, 2018
Cette thérapie cognitive pourrait en pratique être mise en place chez les malades qui souhaitent arrêter le traitement antidépresseur après leur phase de rémission, ce qui éviterait les effets secondaires des traitements antidépresseurs, généralement responsables d’un manque observance.