Qu’ils soient appliqués via un collier, un spray ou une pipette, les traitement anti-puces utilisés sur nos animaux de compagnie sont toxiques pour le développement cérébral des enfants. Comme le révèle Libération, ces produits contiennent de la tétraméthrine et du fipronil, en partie à l’origine de troubles cognitifs, de cancers et de la maladie d’Alzheimer.
Altération de la compréhension verbale
La tétraméthrine est un insecticide neurotoxique de la famille des pyréthrinoïdes. Les pyréthrinoïdes ont été associés par des chercheurs de l’INSERM à une "baisse significative" des performances cognitives des enfants de 6 ans, "en particulier de la compréhension verbale et de la mémoire de travail".
L’étude, réalisée sur près de 300 couples mère-enfant, indique que l’exposition des enfants est plus importante que celle des adultes étant donné leur plus grande proximité aux poussières du sol, des contacts main-bouche plus fréquents, des shampooings anti-poux, etc… Chez l’enfant, les pyréthrinoïdes sont absorbés principalement par voie digestive, mais aussi par voie cutanée. Ils sont rapidement métabolisés au niveau du foie, puis éliminés majoritairement dans les urines en 48 heures sous forme de métabolites. "Bien que ces observations doivent être reproduites par d'autres études afin de pouvoir conclure définitivement, elles pointent sur la responsabilité potentielle à faibles doses des insecticides pyréthrinoïdes sur le développement cognitif", analyse Cécile Chevrier, chargée de recherche à l'INSERM et principale auteure de cette étude.
Cancer et Alzheimer
Le fipronil est également une subsance très toxique, à l’origine du scandale des œufs contaminés. Ce neurotoxique, nocif via un simple contact, est classé cancérigène possible par l’Environmental protection agency (EPA) américaine.
Une étude publiée en mars dans le Journal of Alzheimer’s Disease démontre que le fipronil et son dérivé, le fipronil-sulfone, provoquent chez le cerveau du rat des modifications typiques de la maladie d’Alzheimer. Plus précisément, les résultats indiquent que le fipronil, "largement utilisé en agriculture, en lutte antiparasitaire urbaine et en médecine vétérinaire, s'accumule de façon stable dans les tissus adipeux et est capable de traverser la barrière hémato-encéphalique, ce qui le qualifie d'Alzheimerogène potentiel".
"Cette nouvelle découverte doit absolument et urgemment conduire les autorités à se demander s'il ne serait pas temps de réévaluer l'autorisation du fipronil dans les produits pour animaux domestiques, explique à Libé Jean-Marc Bonmatin, chercheur au CNRS et vice-président du groupe de travail sur les pesticides systématiques (TFSP). D'autant que plus on est exposé jeune à cette molécule, plus cela peut avoir des conséquences sur le neuro-développement, car c'est pendant la grossesse et les premières années que se construisent le système nerveux et le cerveau. Et je ne parle même pas de la santé des animaux domestiques".
Un problème connu depuis plusieurs années
En 2012 déjà, des colliers antiparasitantes avaient été retirés du marché français à la demande de l'Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV). Cette décision concernait 76 types de colliers sur les 110 possédant une AMM (autorisation de mise sur le marché) et était intervenue après l'étude de l'ANSE révélant "des risques potentiels en cas d'exposition chronique, sur le long terme, par voie cutanée chez l'utilisateur et plus particulièrement chez l'enfant".
L'année suivante, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) alertait le grand public sur les dangers de certains produits antiparasitaires pour chiens. La plupart contiennent de la perméthrine, un insecticide très dangereux, voire fatal pour les chats. Et ce, en dépit "des mesures de communication mises en œuvre par l’Agence depuis 2006 auprès des vétérinaires et des propriétaires d’animaux, ainsi que les modifications des étiquetages des médicaments afin de mettre en évidence la contre-indication absolue concernant le chat".
Selon l'émission Marketplace de CBS News, 4726 chats et chiens ont été intoxiqués par des solutions antiparasitaires au Canada entre 2009 et 2013. Les pipettes seraient responsables de 80% des incidents recensés.
Des alternatives naturelles
En l’absence de réaction de L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), qui n’a pour le moment pas exigé le retrait des produits anti-puces chimiques, il est préférable d'utiliser des alternatives naturelles.
La plante Pyrèthre et l’arbe margosa ont par exemple des propriétés répulsives et peuvent s'utiliser en shampoings, colliers ou pipettes. Certaines huiles essentielles comme la citronnelle et le géranium rosat se vaporisent également dans l’habitat.