C’est une avancée majeure dans la compréhension du développement de l’allergie alimentaire chez le nourrisson. Une nouvelle étude vient d’établir que ce n’est pas leur influence isolée mais bien la coexistence de facteurs génétiques et environnementaux qui déclenche ce type d’allergie.
Cocktail
Plus précisément, l’étude publiée le 6 avril dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology indique que les facteurs déclenchant l’allergie alimentaire chez le nourrisson sont :
- la génétique, qui modifie petit à petit le pouvoir absorbant de la peau des nouveau-nés ;
- les lingettes nettoyantes pour nourrissons ;
- les allergènes présents dans la poussière ;
- les aliments qui entrent au contact de la peau des nourrissons via des intermédiaires (un frère ou une sœur mangeant du beurre de cacahuète avant d’embrasser le nouveau-né, par exemple).
Lorsqu’ils agissent tous ensemble, "ces facteurs forment un véritable cocktail à allergie alimentaire" explique Joan Cook-Mills, professeur d'allergie-immunologie à l'école de médecine Feinberg de l'Université Northwestern et principal auteur de l’étude. S’en rendre compte "est une avancée majeure dans notre compréhension de l’allergie alimentaire précoce", se réjouit-il.
Anaphylaxie
Joan Cook-Mills a d’abord tenté de faire réagir des souriceaux en leur faisant ingérer du beurre de cacahuète, sans aucun résultat. Il a alors exposé trois à quatre fois la peau des souriceaux à des aliments et de la poussière pendant 40 minutes, avant de leur faire manger des œufs et des arachides. Les bébés souris ont développé des réactions allergiques cutanées, des réactions allergiques au niveau de l'intestin et de l'anaphylaxie (manifestation la plus sévère de l'allergie pouvant causer la mort).
Le chercheur a par ailleurs constaté que les réactions allergiques cutanées pouvaient prendre des années à apparaître (des mois chez les souriceaux).
Les facteurs de risque d'allergie alimentaire peuvent donc être neutralisés dans l’environnement domestique, en se lavant par exemple bien les mains avant de manipuler le nourrisson pour minimiser son contact avec la poussière ou encore en préférant l’eau et le savon aux lingettes nettoyantes.
8% des enfants concernés
Les allergies alimentaires touchent environ 4 à 6 % des enfants aux États-Unis, selon les Centers for Disease Control and Prevention. La prévalence des allergies alimentaires signalées a augmenté de 18 % chez les enfants de moins de 18 ans entre 1997 et 2007. Le nombre d'hospitalisations liées aux allergies alimentaires a également progressé chez les enfants.
Selon les chiffres de l'Agence nationale de la sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), 3,5% des adultes et 8% des enfants français présentent des allergies alimentaires. En 1970, seulement 1% de la population était concernée.