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Maladies neuro-dégénératives

Alzheimer : un nouveau test sanguin pour le diagnostic précoce

Par Camille Boivigny

Des chercheurs ont mis au point un nouveau test sanguin qui pourrait permettre de dépister des protéines anormales circulant dans le sang au tout début du processus pathologique et 15 à 20 ans avant le diagnostic habituel.

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Incurable, la maladie d’Alzheimer peut cependant être ralentie si elle est diagnostiquée tôt. Ce qui n'est malheureusement pas le cas puisqu'elle est généralement diagnostiquée trop tardivement, à l’apparition des premiers symptômes cliniques.

Des chercheurs ont élaboré un nouveau biomarqueur sanguin qui pourrait permettre de détecter des protéines anormales qui existent à un stade précoce de la maladie d’Alzheimer. Leurs résultats sont publiés dans la revue EMBO le 6 avril 2018.

Détecter le mécanisme moléculaire le plus tôt possible

Aujourd’hui, les outils de détection de la maladie d’Alzheimer se limitent à des examens coûteux ou invasifs : la tomographie par émission de positrons (TEP) et la ponction de liquide céphalo-rachidien. De plus, ils ne permettent qu'un diagnostic déjà assez tardif. La mise au point d’un biomarqueur sanguin peu invasif pour le dépistage des stades précliniques s’avérait donc cruciale. Une nouvelle méthode immunologique est basée sur des anticorps qui permettent d’extraire des échantillons de LCR et de sang toutes les protéines dont la structure a été modifiée et qui circulent dans le sang à un stade précoce.

Ce test immuno-infrarouge détecte le mauvais repliement des protéines lors de leur mise en forme, processus qui se produit 15 à 20 ans avant la manifestation clinique de la maladie. Ce nouveau biomarqueur plasmatique permet l’identification précoce de la maladie d’Alzheimer avec une sensibilité de 71% et une spécifique de 91%. Il pourrait également permettre d’identifier les personnes à risque de développer une maladie d’Alzheimer, de présélectionner les individus devant subir une ponction lombaire ou une analyse par TEP, et d’éliminer les sujets faussement positifs.

Différencier la maladie d’Alzheimer des autres formes de démence

La maladie d’Alzheimer est un trouble neurologique caractérisé par le dépôt de plaques amyloïdes et d’enchevêtrements neurofibrillaires dans le cerveau. Des chercheurs ont développé un capteur immuno-infrarouge permettant de surveiller le changement de structure secondaire des protéines amyloïdes de leur état sain, « α-hélicoïdal », en leur état « β-pathologique ». Ces structures pathologiques s’agrègent et peuvent former des oligomères toxiques solubles contribuant à la neuro-dégénérescence.

Selon les chercheurs, le test détecte de manière fiable des altérations des protéines β-amyloïdes dans le sang des personnes ayant seulement une déficience cognitive légère. Mais il pourrait également permettre de mettre en évidence d’autres repliements neurodégénératifs, comme ceux que l’on retrouve dans la maladie de Parkinson. Dans cette dernière, ce nouveau test pourrait permettre de quantifier l’α-synucléine, biomarqueur de la maladie.

Dans le domaine des maladies neurodégénératives, la recherche sur les médicaments est généralement entravée par le fait que la maladie ne peut être diagnostiquée que lorsqu’il est trop tard pour intervenir efficacement. La découverte des chercheurs ouvre la voie à de nouvelles possibilités de développement de traitements.