Le virus de l'Hépatite C (VHC) est une infection virale du foie qui se transmet par voie sanguine. Longtemps silencieuse, l’hépatite chronique C peut provoquer à terme, une cirrhose et un cancer primitif du foie. Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), elle est responsable de 700 000 décès chaque année dans le monde.
Depuis 2014, des traitements antiviraux permettent d’obtenir une guérison dans plus de 90 % des cas, en 8 à 12 semaines, sans effet secondaire majeur : l'hépatite C est donc à ce jour, la seule affection virale chronique à bénéficier d'un traitement efficace. D'ou la volonté du gouvernement d'éradiquer complètement ce virus dans les années à venir. Le Premier ministre Edouard Philippe et la ministre de la Santé Agnès Buzyn en avaient fait un engagement officiel lors de la présentation du plan prévention le 26 mars.
Pour y parvenir d'ici à 2025, les hépatologues (les seuls à pouvoir prescrire un traitement) proposent d'élargir la prescription de ces antiviraux aux médecins généralistes pour les patients jamais traités pour l’hépatite C, non infectés par le virus du sida, l’hépatite B ou encore, qui n’ont pas de cirrhose.
Les recommandations des hépatologues
Dans un communiqué daté du 14 mars, l’Association Française des Hépatologues (AFEF) qui rassemble l’ensemble de la communauté scientifique française impliquée dans les pathologies du foie, recommande "la mise en place d’un parcours de soin simplifié permettant une prise en charge de proximité des patients infectés par le VHC", une "dispensation en officine des traitements de l’hépatite C" et le "dépistage de chaque adulte au moins une fois dans sa vie avec une prise en charge à 100% de tous les tests".
"A l’étranger, l’expérience de prescription du traitement antiviral par tous les médecins a montré une augmentation significative du nombre de patients traités, explique le Professeur Christophe Bureau, secrétaire général de l’AFEF. Il est donc indispensable d’élargir l’autorisation de prescription des agents antiviraux directs à l’ensemble des médecins". Selon lui, seules ces trois mesures "permettront d’espérer une élimination du VHC avant 2025".
40 à 50% ignorent leur séropositivité
Depuis quelques semaines déjà, deux traitements efficaces sont enfin disponibles en pharmacie. Leur prix élevé (28 000 euros pour huit ou douze semaines de traitement) ne constitue pas un obstacle. Les seuls freins à ce jour estiment les spécialistes, restent le nombre réduit de prescripteurs et l'absence de dépistage précoce obligatoire. Selon Christophe Bureau "120 000 patients restent à traiter et plus de la moitié ne sont pas dépistés". Or, on estime que l'hépatite C serait responsable de 40 % des cirrhoses graves, de 60 % des cancers du foie et de 30 % des greffes de foie. Aussi alarmant : 40 à 50 % des personnes affectées par le VHC ignoreraient leur séropositivité.