La maladie de Parkinson est la maladie neurologique qui a le plus augmenté entre 1990 et 2015 : le nombre de ses victimes a doublé. Fin 2015, le nombre de patients parkinsoniens traités était de l’ordre de 160 000, avec environ 25 000 nouveaux cas par an. 17% des nouveaux cas étaient âgés de moins de 65 ans. En 2030, le nombre de patients parkinsoniens aura augmenté de 56% par rapport à 2015, avec une personne atteinte sur 120 parmi celles âgées de plus de 45 ans*.
L’âge moyen de décès des patients atteints de la maladie de Parkinson est de 84 ans : plus de 90% des décès ont lieu après 70 ans et ce, même si le taux brut de mortalité augmente rapidement après 65 ans. Les femmes et les jeunes malades ont plus de risque de mourir que les autres patients. Les principales causes de décès chez les parkinsoniens sont les chutes et le développement d’une démence, deux complications fréquentes de la maladie neurologique. Les cancers tuent beaucoup moins au sein de cette catégorie de malades, qui ne fument généralement pas.
Le risque pour les agriculteurs et les riverains
Encore plus inquiétant, le contact avec les pesticides augmente considérablement le risque de développer la maladie de Parkinson. Les agriculteurs ont ainsi 10% plus de chances de contracter la maladie que la population générale. Les riverains des zones agricoles françaises pourraient eux aussi avoir plus de chances d’être atteints de la maladie de Parkinson.
La maladie de Parkinson est la deuxième maladie neurologique la plus fréquente après la maladie d’Alzheimer. C’est une maladie neurodégénérative caractérisée par des symptômes moteurs et non-moteurs. Au fil de son évolution, les malades vont faire face à une augmentation du risque de dépendance, notamment en raison de complications motrices (dyskinésies, fluctuations, chutes) et cognitives (déclin cognitif, hallucinations, démence).
En 2012, Bruno Le Maire - alors ministre de l'Agriculture - avait officiellement reconnu la maladie de Parkinson comme étant une maladie professionnelle des agriculteurs, dans un décret publié au Journal officiel. Selon le texte, les agriculteurs doivent avoir été exposés au moins 10 ans aux pesticides et avoir ressenti les premiers symptômes un an après la fin de cette exposition pour qu'elle soit reconnue comme maladie professionnelle.
Quels pesticides sont concernés ?
En 2016, l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) avait réalisé une revue de la littérature publiée de 1990 à 2015. Plusieurs classes de produits chimiques étaient impliquées, parmi lesquels les pesticides. Des pesticides tristement célèbres figurent dans la liste dressée par l’EFSA, comme l’organochlorine utilisée dans le DDT (un produit chimique synthétisé aux propriétés insecticides et acaricides) ou les pyréthrinoïdes (un puissant insecticide). Ces deux molécules sont pourtant largement utilisées, afin de lutter contre les moustiques vecteurs de maladies infectieuses.
Parkinson, une maladie héréditaire ?
Il existe une susceptibilité génétique à la maladie de Parkinson, mais elle est relativement faible : une vingtaine de gènes de susceptibilité ont été identifiés dans des études d’observation portant sur de grandes cohortes de malades, mais même une personne qui présente le profil génétique le plus défavorable voit son risque de développer la maladie multiplié par 2 seulement.
La maladie de Parkinson n’est donc généralement pas une maladie héréditaire, mais il existe environ 5% de formes génétiques dans les très rares cas de maladie de Parkinson à début précoce ou dans les formes familiales. Ces formes sont liées à des mutations affectant des gènes spécifiques. Certains ont été identifiés, comme le gène de l’α-synucléine, le gène LRRK-2 ou encore le gène de la glucocérébrosidase, mais la présence de ces mutations n’est pas toujours associée au développement de la maladie.
Comment évolue la maladie ?
Une fois le diagnostic de maladie posé, un traitement peut être mis en place. Ce traitement consiste à supplémenter en dopamine l’organisme qui en manque. Le traitement supplétif est très efficace au début avec une correction quasi complète de la rigidité du corps et des troubles de la coordination.
L’amélioration fonctionnelle sous traitement peut durer plusieurs années. Elle varie suivant les malades : de 5 à 7 ans en moyenne, et peut atteindre une dizaine d’années dans certains cas. Cette période est qualifiée de "lune de miel" dans l’histoire de la maladie.
Au terme de cette période, des problèmes de contrôle des muscles (appelés complications motrices) apparaissent progressivement. Les tremblements, la lenteur des mouvements (ou akinésie) et la rigidité (ou hypertonie) s’aggravent. Le parient oscille alors entre des périodes dites "On" où il paraît normal et des périodes "Off" où il souffre d’akinésie (blocage important, instabilité posturale, difficultés sévères à la marche avec piétinement au passage des portes, risque élevé de chutes).
Où en est la recherche ?
Comme l’explique le docteur Jean-François Lemoine, la chirurgie française fait des avancées prometteuses dans le traitement de la maladie de Parkinson. "La technique est née en France, à Grenoble, des mains du Professeur Alim-Louis Benabid. (…) Dans la maladie de Parkinson, des cellules nerveuses provoquent les mouvements anarchiques qui caractérisent cette maladie. Le Pr Benabid a eu l’idée, plutôt que de les détruire, d’aller annuler les effets néfastes de ces cellules en leur infligeant une stimulation électrique au cœur même du cerveau. Grâce à des techniques d’intervention sous surveillance radiographique constante, avec une minutie extrême, on implante deux électrodes de façon très précise à l'endroit d’où part le mal. Les deux électrodes sont ensuite reliées à une pile électrique que l’on loge sous la peau, à la base du cou. Une fois les connexions réalisées, il n’y a plus qu’à régler la puissance de la stimulation pour voir les tremblements du parkinsonien disparaître".
Dévoilé la semaine dernière dans les médias, un nouveau traitement prometteur de la maladie de Parkinson est également en train d’être testé : l’immunothérapie. Celle-ci consiste à injecter aux patients des anticorps chargés de détruire les dépôts anormaux de protéines dans le cerveau.
*Source (pour l’ensemble des chiffres de cet article) : Surveillance épidémiologique de la maladie de Parkinson en France / Marie Vidailhet (chef du département des maladies du Système Nerveux à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, Sorbonne Université, Faculté de médecine ; CNRS UMR 7225, UMR S 1127, Institut du cerveau et de la moelle épinière, Paris, France ), Santé Publique France.