ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Souffrance des personnels soignants : un numéro d’écoute gratuit a été lancé

Mal-être

Souffrance des personnels soignants : un numéro d’écoute gratuit a été lancé

Par Charlotte Arce

Lancé le 1er janvier et initialement réservé aux médecins et aux internes, le numéro d’écoute 0800.800.854 est désormais ouvert à tous les professionnels de santé en souffrance. Gratuit, il est disponible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.

OSTILL /iStock

Les médecins, les infirmières, les sages-femmes ou encore les internes en médecine ont désormais leur propre numéro d’écoute en cas de mal-être ou de souffrance au travail : le 0800.800.854.

Ce numéro, "disponible gratuitement 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 (…) a pour vocation de venir en aide à tous les professionnels de santé" et ce, "sur tout le territoire", ont annoncé mardi 10 avril l’Ordre des médecins et l’Ordre des infirmiers.

Lancée le 1er janvier dernier et initialement réservée aux médecins et aux internes, la plateforme téléphonique est ouverte à tous les soignants depuis le 1er avril. "L'ensemble des ordres des professions de santé" (médecins, sages-femmes, dentistes, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues et pharmaciens) sont associés dans cette démarche. "Six ont déjà signé une charte qui les engage", a déclaré à l'AFP Patrick Bouet, président du Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom).

Soutien psychologique et accompagnement de terrain

Rendue gratuite au mois de février, la ligne d’écoute met en contact les professionnels de santé avec des "psychologues cliniciens" afin qu’ils puissent "bénéficier d’un soutien psychologique" et être, si besoin, orientés vers un médecin ou un service hospitalier dédié aux soignants. Une "prise en charge d’urgence" peut aussi être recommandée.

Conseillés au téléphone, les professionnels de santé pourront aussi se voir proposer un accompagnement de terrain par une association ou une structure locale, ou être orientés vers les bons interlocuteurs en cas de violence, d’agression ou de litige, ainsi que pour répondre à leurs questions d’ordre déontologique, juridique ou administratif.

"Nous avons des problématiques et des constats communs, on voit bien que ce malaise a un coût social, [...] une répercussion sur la santé, sur les erreurs qui peuvent être faites auprès des usagers", a déclaré Patrick Chamboredon, président de l'Ordre national des infirmiers, cité par France Info. Selon lui, "agir avec sept professions réglementées, ça permet d'avoir un vrai réseau, de vrais moyens" et d'être "plus forts".

Le malaise des soignants, de plus en plus palpable

Épuisement professionnel, anxiété, dépression, idées suicidaires … Le mal-être des professionnels de santé est de plus en plus prégnant, comme en témoignent les multiples sondages et enquêtes parus dans les médias ces dernières semaines.

Ainsi, une enquête réalisée par l’Ordre des infirmiers auprès de plus de 18 600 professionnels du 30 mars au 7 avril met en lumière leur malaise croissant. Selon les résultats du sondage, plus de huit infirmiers sur dix affirment se sentir "très souvent" (37%) ou "quelques fois" (45,8%) "émotionnellement vidés par leur travail". 43,2% se sentent "très souvent" à bout à la fin de la journée et une proportion équivalente (42,4%) "très souvent" fatigués avant une nouvelle journée. 21,6% des personnes interrogées ont déclaré envisager "très souvent" de cesser leur activité.

Ce mal-être n’épargne pas les étudiants en médecine. En juin 2017, une enquête sur les troubles mentaux des jeunes médecins, réalisée par quatre syndicats d’étudiants en médecine, avait été présentée à l’hôpital Sainte-Anne (Paris). Son constat était alarmant : 28 % des 22 000 répondants avaient déclaré avoir déjà souffert de dépression et 23,7 % avaient déjà eu des idées suicidaires.