1527 cas de rougeole ont été recensés depuis le début de l'année 2018 et 1605 depuis le 6 novembre, a annoncé Santé Publique France le 11 avril. "51% des cas (soit 819) sont déclarés dans la région Nouvelle-Aquitaine, seule région en situation épidémique", précise l'agence sanitaire, citée par l'AFP. Notamment en Gironde où 547 cas ont été signalés et en Haute-Vienne (138 cas).
La rougeole est une maladie infectieuse due à un virus très contagieux qui touchait auparavant surtout les jeunes enfants à partir de 5–6 mois. Ce n’est plus le cas : un tiers des cas déclarés concerne des personnes de plus de 15 ans. Or, les cas de rougeole chez l'adulte sont potentiellement plus dangereux. L'épidémie, qui a démarré à Bordeaux fin 2017, a fait une victime de 32 ans à Poitiers en janvier dernier. "Une extension de l'épidémie est à craindre car aucun département n'atteint actuellement le taux requis pour interrompre la circulation du virus de 95% de couverture vaccinale à deux ans pour les deux doses de vaccin", redoute Santé publique France.
Les jeunes enfants et les adolescents sont les plus concernés
Depuis novembre 2017, 327 personnes ont été hospitalisées : 138 avait une forme grave de rougeole et 16 ont été transportées en réanimation. Rien qu'en 2018, 19 hospitalisations ont été enregistrées, dont 14 pour des formes de rougeole compliquées. Sur la totalité des personnes contaminées depuis le début de l'hiver, 926 personnes n'étaient pas vaccinées, 166 avaient reçu une seule dose des deux nécessaires pour se protéger du virus.
Comme le démontre le graphique de gauche ci-dessous, l’incidence la plus élevée concerne les enfants âgés de moins de 1 an avec un taux à 15,1 pour 100 000. Puis les enfants de 1 à 4 ans (310 cas pour 100 000 habitants) et les adolescents de 15 à 19 ans (230 cas pour 100 000 habitants).
Rougeole et vaccin
Le graphique de droite démontre lui, que la majorité des personnes contaminées n'étaient pas vaccinées. Presque 90% des enfants de moins de 1 an ne l'étaient pas, de même que plus de 70% des 5 à 9 ans et 80% des 10-14 ans. Plus de 70% des 15-19%. n'étaient pas non plus vaccinés.
Il n’existe pas de traitement spécifique. Traiter la rougeole, c’est uniquement lutter contre les symptômes, la fièvre, la toux, les démangeaisons et les complications éventuelles (pneumonie, encéphalite). Le gouvernement a donc appelé les personnes nées après 1980 à vérifier si elles avaient été vaccinées. En effet, le seul moyen d’éviter de contracter la rougeole est de se faire vacciner. Très efficace, la vaccination est seulement contre-indiquée chez les personnes allergiques au blanc d’œuf, immunodéprimées et aux femmes enceintes.
Traditionnellement, le schéma vaccinal consiste en l’injection d’une dose de vaccin ROR (Rougeole, Oreillons, Rubéole) à 12 mois puis une deuxième injection entre 16 et 18 mois. Pour les personnes n’ayant jamais été vaccinées contre la rougeole, un rattrapage est possible. Il consiste en l’injection de deux doses de vaccin à au moins un mois d’intervalle. En cas d’épidémie, il est possible de recevoir le vaccin jusqu’à 72 heures après avoir été en contact avec une personne souffrant de la rougeole pour éviter la survenue de la maladie (vaccination de rattrapage).
La couverture vaccinale en France (le nombre de personnes vaccinées) se situe entre 70 et 80% selon les régions. Or, la rougeole étant extrêmement contagieuse, cette couverture vaccinale doit être au-dessus de 95% si l'on veut espérer en finir avec la maladie, comme c'est le projet européen pour lequel la France s'est engagée. C'est ce qui est déjà le cas aux Pays-Bas par exemple, où la vaccination systématique a permis l'éradication de la maladie. Nous en sommes dons assez loin.
La rougeole aime la promiscuité
La rougeole est une maladie infectieuse d’origine virale, éruptive et très contagieuse, liée à un "paramyxovirus". Elle se transmet principalement par voie aérienne : lorsqu’un malade contagieux tousse, il envoie par exemple dans l’air des micro-gouttelettes de salive infectées de virus. Il est possible également de contracter la rougeole après contact avec une surface contaminée par des sécrétions nasales et les expectorations.
Pour se disséminer, le virus aime donc la promiscuité, les réunions. Quoi de plus favorable qu’un campus d’étudiants ? C’est de celui du campus universitaire qu’est partie l’épidémie Bordelaise. La phase de contagiosité démarre la veille de l’apparition des premiers symptômes et s’étend jusqu’à 5 jours après le début de l’apparition des boutons. Ainsi, une personne contaminée, selon les spécialistes, en contamine 15 à 20 autres.
Lors de l'épidémie de 2011, plus de 15 000 personnes avaient été contaminées et 10 décès avaient été recensés. Depuis 2008, plus de 23 000 cas de rougeole ont été déclarés en France et plus de 1000 cas de rougeole ont conduit à des complications et des séquelles. La rougeole peut se compliquer, en particulier chez des nourrissons ou chez des personnes fragiles, et conduire à une hospitalisation. C’est tout d’abord une pneumonie en rapport avec une surinfection par une bactérie. Il s’agit d’une infection grave du poumon qui peut conduire le malade en réanimation. C’est ensuite un risque d’infection virale du cerveau ("encéphalite"). Ces complications peuvent entraîner le décès et donner des séquelles pulmonaires et neurologiques à vie.
La rougeole au niveau mondiale
Elle est encore une cause de décès importante chez les enfants en mauvais état sanitaire, mais l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) fait un travail colossal. Entre 2000 et 2005, plus de 300 millions d'enfants âgés de neuf mois à quinze ans ont été vaccinés ou revaccinés. En 20015, près de 77 % de la population mondiale était vaccinée, entraînant une réduction encore de la mortalité : moins de 345 000 décès cette année-là sur 20 millions de malades. En Europe, un plan d’élimination de la rougeole a été mis en place entre 2005 et 2010.