Une perte de poids aussi fortuite qu’inexpliquée peut être annonciatrice d’un cancer. C’est ce que met en lumière une méta-analyse réalisée par des chercheurs des universités d’Oxford et Exeter. Leur étude, financée par l’Institut national de recherche en santé et publiée dans le British Journal of General Practice, révèle qu’une perte de poids involontaire constitue le deuxième facteur de risque le plus important pour les cancers, notamment les cancers colorectal, pulmonaire, pancréatique et rénal.
10 types de cancer concernés
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les résultats de 25 études, intégrant les données de plus de 11,5 millions de patients récoltées entre 1994 et 2015. Ils ont alors découvert que la perte de poids involontaire était liée à 10 types de cancer : le cancer de la prostate, colorectal, du poumon, œsophagien, pancréatique, de l’ovaire, de l’appareil rénal et biliaire, mais aussi en cas de lymphome non hodgkinien ou encore de myélome.
Chez les patients de plus de 60 ans, cette perte de poids soudaine a excédé le seuil de risque de 3 % relevant d'investigations médicales urgentes, révèle l’étude. Le risque moyen de développer un cancer a augmenté de 6,7 % chez les femmes de plus de 60 ans et de 14,2 % chez les hommes du même âge.
"Nous avons toujours su que la perte de poids non volontaire pouvait représenter un risque de cancer. Cette étude rassemble toutes les preuves publiées et démontre hors de tout doute qu'il est important de le prendre en considération dans les efforts visant à sauver des vies du cancer", explique le Dr Willie Hamilton de l’Université d’Exeter et co-auteur de l’étude. "C'est particulièrement opportun avec l'annonce cette semaine de l'ouverture d'un guichet unique pour le diagnostic du cancer. Ces unités rassemblent tous les tests nécessaires sous un même toit, ce qui rend l'investigation de la perte de poids beaucoup plus rapide et pratique pour le patient".
La perte de poids, un symptôme à ne pas négliger
Pour le Dr Brian Nicholson de l’Université d’Oxford et principal auteur de l’étude, il est en effet urgent de généraliser des "services simplifiés" qui permettront aux médecins généralistes de mieux prendre en compte des symptômes non spécifiques tels que la perte de poids et de leur faire prendre conscience qu’ils sont au contraire "vitaux et urgents si l’on veut contrer le cancer plus tôt et sauver des vies". "Nous devons maintenant poursuivre notre recherche pour évaluer la combinaison la plus appropriée d'examens et livrer des recommandations concernant le niveau de perte de poids à partir duquel les patients et leur médecin généraliste devraient s'inquiéter", poursuit-il.