Notre alimentation contient un grand nombre d'ingrédients nocifs, selon 60 Millions de consommateurs. Dans le hors-série Ces aliments qui nous empoisonnent, l'association dénonce ce jeudi les "aberrations nutritionnelles à travers le décryptage des ingrédients" de 100 produits en vente dans la grande distribution. Du cacao en poudre, aux produits dits sans gluten ou sans viande, l'association dénonce "les entourloupes des industriels lorsqu'ils bernent les consommateurs et font passer un aliment bourré d'additifs pour un produit santé".
Le sucre, même dans les produits salés
Le sucre est souvent camouflé dans les aliments transformés. "80 % du sel absorbé par les Français proviennent des aliments transformés. 70 % des sucres sont ajoutés et cachés", précise la revue. Dans une bouteille de ketchup Heinz de 700 g par exemple, se trouvent huit tomates et 22 morceaux de sucre. Même constat pour le cacao en poudre. La diététicienne Angélique Houlbert avait mené une étude sur les chocolats en poudre en janvier dernier et découvert que ces produits contenaient en moyenne 80 % de sucre et 20 % de cacao maigre.
Nous savons également qu'une cannette de Coca-Cola de 33cl contient 7 morceaux de sucre (35g). 60 Millions de consommateurs cite plusieurs autres exemples comme le fait qu'une tranche de pain de mie soit finalement plus salée qu'un paquet de chips, ou encore qu'une barre chocolatée contienne en réalité plus de graisse saturée qu'une tartine de rillettes. De quoi réfléchir.
Les additifs pour nous rendre accros
Les additifs sont le pêcher mignon des industriels qui gagnent "leur croûte" en nous rendant accros. Selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), l'additif alimentaire "est ajouté dans un but technologique au stade de fabrication, transformation, préparation, traitement, conditionnement, transport ou entreposage des denrées. Il est autorisé dans l'alimentation humaine seulement s'il ne fait pas courir de risque au consommateur aux doses utilisées".
La revue répertorie pourtant 50 produits "à proscrire", allant du E102 au E951. C'est à dire contenant du colorant synthétique, des produits chimiques, de l'aluminium en poudre, de l'acide formique ou encore du sorbate de sodium (un conservateur chimique). Tous ces composants ajoutés présentent des risques pour la santé (asthme, réactions cutanées, insomnie, risques rénaux, hyperactivité, urticaires...).
L'excès de fer dans la viande rouge
60 Millions de consommateurs dénonce également le "mécanisme pernicieux" de l'excès "de fer" dans la viande rouge et les risques de cancer que cela occasionne. Notamment du sein chez les femmes. L'association recommande donc de se limiter à 500g de viande rouge par semaine et d'en consommer le moins possible après 50 ans. En 2015, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) classait la viande rouge (toutes les viandes y compris les blanches hors volaille et poisson) comme "probablement cancérogène pour l’homme". La viande transformée - c'est à dire modifiée par salaison, maturation, fermentation, fumaison ou autres processus pour rehausser sa saveur ou améliorer sa conservation - est quant à elle répertoriée comme "cancérogène pour l’homme".
Mais la majorité des produits transformés par les industriels le sont. Une étude réalisée en France (cohorte NutriNet-Santé), associant des chercheurs de l’Inserm, de l’Inra et de l’Université Paris 13 et publiée en février dernier dans le British Medical Journal suggérait également que la consommation d’aliments dits "ultra-transformés" accentuait le sur-risque de cancer : une augmentation de 10% des aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire est ainsi associée à une augmentation de 12% du risque global de cancer et de 11% du risque de cancer du sein.
L'ajout d’additifs dans les yaourts
Certaines céréales en vente dans nos supermarchés contiendraient également des graisses cachées. La revue les qualifient de "bombes de graisses", en particulier celles appartenant aux marques Trésor de Kellogg’s et Extra Fruits (de Kellogg’s également). Les barres de céréales, les pâtes feuilletées et les poêlées de légumes Bonduelle ou Picard sont également concernées.
Plus grave encore, 9 additifs ont été trouvés dans les yaourts Carrefour aux fruits recette crémeuse, 7 dans ceux de la marque Taillefine aux fraises, et 12 dans le panier de Yoplait nature sur fruits. Et ce, alors que la loi française interdit l’ajout d’additifs dans les yaourts. "Le mélange de fruits sert en somme de cheval de Troie pour contourner la loi", juge la revue qui parle aussi de "subterfuge" qui "dénature un produit simple et bon pour la santé".
Les aliments transformés dans notre alimentation
Le Dr Anthony Fardet, chercheur en alimentation préventive et holistique, définit les aliments transformés comme des produits "dont on ne peut même pas reconnaître l’origine naturelle tellement (leur) matrice est modifiée".
Selon un rapport de l’Insee, la part de ces produits ultra-transformés à base de viande, de poisson et de légumes a plus que doublé ces dernières années, pour atteindre 41 % en 2006 en France, au détriment des produits demandant davantage de préparation personnelle. Aujourd’hui, elle représenterait 80% de notre consommation alimentaire. Le succès de ces produits réside essentiellement dans le fait qu’ils sont peu coûteux et faciles à consommer. Un avantage non négligeable dans une société pressée, obsédée par les échéances, le gain de temps et les résultats instantanés. Aujourd’hui, les aliments ultra-transformés contribuent à plus de la moitié des apports énergétiques de la France, l’Allemagne, l’Espagne, les États-Unis ou encore le Royaume Uni.
Pourquoi sont-ils dangereux pour la santé ?
Dans son livre "Halte aux aliments ultra-transformés ! Mangeons vrai", le docteur Anthony Fardet fait le parallèle entre la nourriture industrielle et la prévalence des maladies chroniques. "Il faut réaliser que l'explosion des maladies chroniques dans les pays occidentaux a été concomitante avec l'arrivée massive des aliments ultra-transformés dans les grandes surfaces depuis les années 1980" explique-t-il.
Selon lui, l'aspect visuel de ces produits est travaillé pour séduire les consommateurs. "Les industries cherchent à redonner aux aliments ultra-transformés un goût et une couleur perdus lors du processus de déstructuration. Cela explique en partie qu'ils soient bourrés d'additifs." Mais ce n'est probablement pas la seule cause : l'ajout de substances dont certaines sont toxiques (nitrite de sodium, dioxyde de titanium...), les emballages qui peuvent libérer des substances toxiques (bisphénol A dans les emballages en plastiques...) et la modification de la flore intestinale, le microbiote, sont probablement impliquées dans ces problèmes.