L’attention des cardiologues et des diabétologues a récemment été attirée sur un trouble du fonctionnement d’un ventricule du cœur au cours du diabète (« dysfonctionnement systolique ventriculaire gauche asymptomatique ») qui pourrait être un facteur de risque de complications cardiaques chez les diabétiques. L'existence fréquente de ce trouble chez le diabétique expliquerait même l’efficacité particulièrement importante d’un antidiabétique de type inhibiteur du SGLT2 dans l’étude EMPA-REG. Une étude témoigne de la réalité et de la gravité potentielles de ce dysfonctionnement.
Une augmentation du risque d'insuffisance cardiaque
Dans une nouvelle étude, les adultes diabétiques avec un dysfonctionnement du cœur, et même sans aucun symptôme, ont une augmentation du risque de développer une véritable insuffisance cardiaque, une hospitalisation pour décompensation aiguë d’une insuffisance cardiaque, ou un risque de décès par insuffisance cardiaque ou de décès cardiovasculaire, par rapport aux non diabétiques.
C’est ce qui ressort d’une étude britannique parue dans Diabetes Care qui a analysé les études sur le dysfonctionnement ventriculaire gauche impliquant 4 223 diabétiques et non diabétiques. L’étude révèle également un risque plus élevé de décès chez les diabétiques, qu’ils soient atteints ou non d’insuffisance cardiaque.
Une étude sur une anomalie du fonctionnement du cœur
Il s’agit d’une étude sur 4 223 adultes qui ont une dysfonction systolique ventriculaire gauche sans aucun symptômes, soit diabétiques (n = 647, âge moyen de 61 ans), soit sans diabète (n = 3 576, âge moyen de 58 ans). Elle a été mise en place pour déterminer l’impact du diabète sur l’évolution de la fonction du cœur, d’un stade de dysfonction systolique ventriculaire gauche asymptomatique à un stade d'insuffisance cardiaque avérée.
Au cours d'un suivi médian de 36 mois, 24,1% des adultes sans diabète avec cette anomalie ont développé une insuffisance cardiaque comparativement à 33,1% des diabétiques.
Comparativement aux non diabétiques, les diabétiques ont également des risques plus élevés d'hospitalisation pour insuffisance cardiaque (P <0,0001), et de décès par insuffisance cardiaque (P <0,0001) et de décès toutes causes confondues (P = 0,001).
Le diabète semble dégrader la fonction du cœur
Avant le développement de l'insuffisance cardiaque, 5,9% des adultes non-diabétiques ont eu un infarctus du myocarde, contre 5,6% des diabétiques. Le risque d'insuffisance cardiaque est cependant significativement plus élevé chez les diabétiques que chez les non diabétiques, y compris en prenant en compte les antécédents d'infarctus du myocarde dans l’analyse statistique (RR ajusté = 1,3; IC à 95%: 1,11-1,52).
Le risque d'hospitalisation pour insuffisance cardiaque est également plus élevé chez les diabétiques par rapport aux non diabétiques (110 par 1 000 années-personnes contre 55 par 1 000 années-personnes, p <0,0001).
Le risque de décès est plus faible chez les non diabétiques qui n'ont pas développé d'insuffisance cardiaque par rapport aux diabétiques qui n'ont pas développé d'insuffisance cardiaque (14% contre 22%). Le risque de décès est également plus faible chez les participants sans diabète qui ont développé l'IC comparativement aux participants atteints de diabète qui ont développé l'IC (29% contre 37%).
Ces constatations devraient inciter à rechercher une dysfonction systolique ventriculaire gauche chez les diabétiques, ce qui pourrait permettre de développer des stratégies pour empêcher son évolution vers une insuffisance cardiaque avérée.