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Microbiote intestinal

Le régime méditerranéen, particulièrement recommandé en cas de cirrhose du foie

Par Charlotte Arce

Riche en légumes, en laitages et en huile d’olive, le régime méditerranéen est bénéfique pour les patients atteints de cirrhose du foie. Associé à une plus grande diversité microbienne intestinale, il réduirait les risques d’hospitalisation, selon une nouvelle étude.

Aamulya/iStock

Le régime méditerranéen n’en finit pas de séduire le monde médical. Réputé pour ses bienfaits sur notre santé, il a fait l’objet de nombreuses études qui ont constaté qu’il était excellent pour le cœur et recommandé pour garder la ligne ou pour retarder le vieillissement cérébral.

Il faut dire que d’un point de vue nutritionnel, ce régime riche en légumes, en huile d’olive, en céréales complètes et en produits laitiers fermentés tels que le yaourt a tout bon. Une nouvelle étude, présentée jeudi 12 avril lors de l’International Liver Congress 2018 (Congrès international du foie) à Paris vient une nouvelle fois le prouver. Selon ses auteurs, suivre un régime méditerranéen engendrerait une plus grande diversité microbienne intestinale ce qui, pour les patients atteints d’une cirrhose du foie, réduirait leurs risques d’hospitalisation.

Le microbiote intestinal impliqué dans la cirrhose du foie

Responsable de plus d’un million de décès dans le monde par an, la cirrhose du foie est une maladie diffuse, chronique et irréversible du foie. Elle correspond à une cicatrice fibreuse (fibrose) très évoluée qui désorganise le fonctionnement du foie. Le risque de décès par cirrhose hépatique diffère sensiblement selon les pays, principalement en raison de la consommation d'alcool, du type et de la qualité de l'alcool consommé, ainsi que de la présence d'infections virales aux hépatites B et C.

Les chercheurs ont remarqué que le microbiote intestinal est impliqué dans la pathogenèse et la progression dela cirrhose. Une diminution progressive de la diversité microbienne a par ailleurs été observée chez les individus en bonne santé, chez ceux atteints de cirrhose compensée, et ceux présentant une cirrhose décompensée, c’est-à-dire lorsque la maladie a évolué à un point où le foie n’est plus capable d’assurer correctement ses fonctions.

"Le régime alimentaire joue un rôle majeur dans la composition microbienne intestinale, mais il existe actuellement très peu d'informations reliant le régime alimentaire, la diversité microbienne et les résultats cliniques chez les patients cirrhotiques", a déclaré le Dr Jasmohan Bajaj de la Virginia Commonwealth University et auteur principal de l'étude. "Notre hypothèse pour cette étude était que le régime alimentaire et la gravité de la cirrhose pourraient interagir pour déterminer la composition du microbiote et, finalement, les résultats cliniques chez les patients atteints de cirrhose du foie."

Un microbiote plus divers et moins d’hospitalisation dans la cohorte turque

Pour valider leur hypothèse, les chercheurs ont recruté 157 individus aux États-Unis et 139 en Turquie, qui ont ensuite été répartis en trois groupes : des témoins sains, des patients externes avec cirrhose compensée et des patients en ambulatoire avec cirrhose décompensée. Tous ont subi une analyse du microbiote alimentaire et des selles. Les patients atteints d’une cirrhose ont par ailleurs été suivis pendant au moins 90 jours pour recueillir les données sur d’éventuelles hospitalisations.

Tous les sujets de l’étude ne présentaient pas le même type de régime alimentaire : les Américains ont consommé très peu d’aliments fermentés (yaourt, lait caillé) et beaucoup de café et de boissons gazeuses, tandis que la cohorte turque a suivi un régime méditerranéen.

L'analyse des échantillons de selles a révélé que l'ensemble de la cohorte turque présentait une diversité significativement plus grande dans le microbiote intestinal que la cohorte américaine et qu'il n'y avait pas de différence de diversité entre les témoins sains et ceux atteints de cirrhose du foie en Turquie. En revanche, dans la cohorte américaine, la diversité était la plus élevée dans le groupe témoin et la plus faible parmi ceux avec une cirrhose décompensée.

Concernant les hospitalisations, les chercheurs ont constaté qu’elles étaient significativement plus nombreuses dans la cohorte américaine que dans la cohorte turque.

"Cette étude démontre que les patients atteints de cirrhose ont des profils de microbiote intestinal très sensibles aux facteurs alimentaire. Il s’agit de la première étude à confirmer un lien entre alimentation, diversité microbienne et résultats cliniques dans la cirrhose du foie", a déclaré le Dr Bajaj. Selon lui, "des études supplémentaires sont maintenant nécessaires pour évaluer si les modifications diététiques pourraient améliorer à la fois la diversité microbienne et les résultats cliniques chez ces patients".