Un anticyclone favorable, l’arrivée du printemps, les conditions sont réunies pour que le pollen se développe. Partout en France, les quantités de pollens dans l’air augmentent. Au Nord, ce sont les pollens de bouleaux qui sont très présents, au Sud les pollens de platanes. Pour ces deux-ci, le risque allergique est très élevée.
Partout en France, le risque d’allergie est au niveau élevé pour les pollens de frêne. Les pollens de charme pourraient eu aussi atteindre ce niveau dans quelques jours. Dans le Sud-ouest, le risque est moyen pour les pollens de graminées, même s'ils sont toujours présents.
Qu’est-ce que l’allergie au pollen de bouleau ?
L’allergie au pollen de bouleau est fréquente et il n’est pas nécessaire d’en avoir un dans votre jardin : les bouleaux des 30 kilomètres alentour dispersent ce pollen qui provoquent les symptômes d’allergie. Comme pour l’allergie au pollen d’autres arbres, cette allergie saisonnière se manifeste au printemps, désormais au mois d’avril.
D’autres arbres comme le hêtre, le chêne, l’érable et le peuplier causent également des allergies respiratoires saisonnières au printemps. Les composants du pollen de l’aulne sont très semblables à proches de ceux du bouleau et, lorsqu’on est allergique au bouleau, on l’est généralement également pour le pollen de l’aulne.
Comment se manifeste une rhinite allergique ?
Le plus souvent, la personne qui souffre d’une rhinite allergique se plaint de congestion nasale pouvant conduire à une obstruction du nez (« nez bouché ») et à une irritation du nez : « nez qui coule » (ou « rhinorrhée »), d’éternuements, de « nez qui pique » ou « qui gratte » (« prurit nasal »).
La congestion nasale peut s’accompagner d’éternuements, de toux et d’une irritation des yeux (« conjonctivite allergique ») avec des yeux rouges et qui pleurent.
Il n’est pas rare que des picotements de la langue et des lèvres lorsqu’on mange des pommes, des poires ou du céleri par exemple, soient en fait le premier indice d’une allergie au pollen de bouleau. Les noisettes et les arachides peuvent également être impliquées dans ce type de réaction allergique en lien avec une allergie au bouleau. Il s’agit du syndrome allergique oral ou syndrome pollen-aliment relié à l’allergie au bouleau.
Le retentissement de la rhinite allergique peut être à l’origine de troubles du sommeil avec fatigue et irritation. Les personnes atteintes de rhinite allergique ont souvent des antécédents familiaux d’allergie.
Faut-il subir en silence ?
Comme d’autres allergies respiratoires, l’existence de l’allergie au pollen de bouleau ou celui d’autres arbres, surtout si on ne traite que les symptômes, augmente le risque du développement d’autres allergies respiratoires et surtout la sensibilisation des poumons avec asthme allergique, que l’on trouve dans 20 à 25% des cas. L’asthme allergique cause toux, respiration sifflante (« wheezing »), essoufflement et oppression.
Des tests d’allergie sont nécessaires pour confirmer un diagnostic d’allergie respiratoire comme l’allergie au bouleau, ou à d’autres arbres, et amorcer un traitement approprié.
Ces tests d’allergie sont généralement effectués sur la peau (tests cutanés ou Prick-tests) mais peuvent également être réalisés sous forme de tests sérologiques (sanguins = dosage des IgE spécifiques).
Dans certaines situations, particulièrement celles où les tests cutanés montrent plusieurs positivités, on pourra avoir recours à des tests en allergie moléculaire pour confirmer une allergie au pollen de bouleau (famille de protéines végétales de stress appelée PR-10).
Comment se protéger ?
Si vous êtes allergique, quelques précautions peuvent vous aider. Mieux vaut éviter les balades en forêt, champ ou pré lorsque le risque allergique est élevé. Si vous roulez en voiture, il faut fermer les fenêtres. Pour l’aération de la maison ou de l’appartement, privilégiez le matin avant le lever du soleil et le soir après le coucher du soleil pour ouvrir les fenêtres, les pollens sont plus présents en pleine journée. Surtout c'est le moment de bien suivre votre traitement antihistaminique !
Quel est le traitement d’une rhinite allergique ?
L’éviction systématique de l’allergène n’est pas toujours possible, mais les traitements disponibles sont efficaces et en général sans danger, s’ils sont bien utilisés.
Il est recommandé de les prendre systématiquement, tous les jours, dès le début des signes et pendant toute la durée de la floraison incriminée. Dans certains cas, il est possible de les prendre même un peu avant, ce qui évite de la laisser partir et de « courir après l’inflammation allergique » et de la bloquer dès le départ.
Les antihistaminiques oraux sont les médicaments de première intention contre la rhinite allergique. Les antihistaminiques les plus anciens ont un effet sédatif potentiellement dangereux lors de la conduite automobile ou dans certains métiers. Les antihistaminiques de deuxième génération n’ont pas d’effet sédatif et sont désormais recommandés en première intention aux personnes qui doivent prendre ce type de médicaments : desloratadine, fexofénadine, loratadine, cétirizine... Il ne faut pas hésiter à en essayer plusieurs afin de trouver la molécule qui convient le mieux à chaque personne : il existe en effet une forte susceptibilité individuelle.
Les corticoïdes topiques par voie nasale constituent le traitement recommandé en première intention en cas de rhinite modérée ou grave (budésonide, fluticasone, mométasone…). Ils sont recommandés comme traitement de deuxième ligne chez les patients souffrant d’une rhinite allergique légère. Leur utilisation régulière peut même réparer les effets de l’inflammation. Les corticoïdes par voie nasale ont peu d’effets indésirables, mais ils peuvent cependant entraîner une irritation ou des saignements du nez chez 10 à 20 % des personnes.
Les corticoïdes topiques par voie nasale sont supérieurs aux antihistaminiques oraux pour le traitement de la rhinite allergique. Ils offrent un avantage particulièrement important par rapport aux antihistaminiques chez les personnes atteintes de rhinite allergique apériodique qui souffrent de congestion nasale modérée ou grave. Dans ce cas, ils doivent constituer le traitement principal.
Il est possible d’associer les corticoïdes topiques avec les anti-histaminiques.
En collyres, les corticoïdes topiques sont efficaces lors du traitement de l’allergie de l’œil (« conjonctivite »).
Les antileucotriènes peuvent être utilisés en prévention de la rhinite, essentiellement chez les personnes asthmatiques avec une polypose naso-sinusienne.
Les corticoïdes par voie orale sont déconseillés en raison des effets secondaires qui surviennent aux doses où ils sont efficaces.
Il faut éviter les sprays nasaux décongestionnant à base de phényléphrine qui font courir un risque d’accidents vasculaires.
Peut-on guérir de l’allergie au bouleau ?
Pour changer le cours de la maladie allergique, il est possible recourir à l’immunothérapie spécifique, ou « désensibilisation » : cette technique permet d’induire une tolérance à un ou plusieurs allergènes. Les progrès de ces dernières années ont renforcé l’efficacité de ces traitements avec une meilleure purification des allergènes et l’administration de certains par voie sublinguale. Les injections sous cutanées ont lieu une fois par semaine pendant 3 mois, puis une fois par mois pendant 3 ans.
L’immunothérapie par voie sous-cutanée permet de contrôler les signes d’allergies chez plus de deux-tiers des personnes avec rhinite allergique et prévient le développement d’un d’asthme bronchique et d’élargir le spectre des allergies à d’autres allergène au fil du temps. La désensibilisation marche d’autant mieux qu’elle est initiée tôt après le développement des signes. En cas de récidive après désensibilisation, si la première immunothérapie a été efficace, il est possible de la refaire.
Une alternative intéressante est l’immunothérapie sublinguale qui doit être débutée au moins quelques mois avant la saison pollinique : elle est intéressante non seulement pour le traitement des symptômes de l’allergie au bouleau mais également pour changer le cours de la maladie allergique.