Il faut revoir les recommandations en termes de consommation d’alcool. C’est ce que suggèrent les résultats d’une étude publiée dans la prestigieuse revue internationale, The Lancet. Cette recherche a suivi près de 600 000 personnes dans différents pays développés et s’est intéressée à la consommation d’alcool et aux seuils à partir desquels cette celle-ci devient particulièrement dangereuse.
Elle recommande de ne pas dépasser 100 grammes d’alcool par semaine. Sachant que dix grammes d’alcool correspondent à une dose standard de différentes boissons alcoolisées : un verre de 25 cl de bière, de 10 cl de vin ou de 3 cl d’alcool fort. La France, qui est un des 3 pays les plus gros consommateurs avec 18,2 verres d'alcool par semaine et par français, en est encore loin.
Des recommandations dans les clous en France
Chaque pays émet des recommandations qui lui sont propres. Aux Etats-Unis par exemple, le seuil est de 196 g par semaine pour les hommes et 98 g pour les femmes. En Belgique, elle est de 210 g pour les hommes par semaine, et de 140 g pour les femmes. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère que la consommation devient particulièrement dommageable lorsqu’elle est de 40 grammes d’alcool par jour pour les femmes et de 60 g pour les hommes.
En France, des experts de Santé Publique France et de l’Institut National contre le cancer, ont publié en mai dernier des recommandations quant à la consommation d’alcool : il ne faudrait pas dépasser 100 g par semaine et s'abstenir deux jours par semaine, selon eux. On est donc en cohérence avec cette étude sur le plan théorique, mais pas en pratique.
Réduire la consommation pour augmenter l’espérance de vie
Pour cette recherche, les scientifiques ont étudié 599 912 consommateurs d’alcool, qui n’avaient pas d’antécédents cardiovasculaires afin d'éliminer les personnes déjà à risque. Dans cette population, la consommation d’alcool est associée à de plus grands risques d’infarctus du myocarde, de maladie coronarienne, d’AVC, d’hypertension mortelle, etc.
D’après leurs résultats, les personnes qui consomment entre 100 et 200 g d’alcool par semaine, ont une espérance de vie réduite de six mois lorsqu’ils atteignent 40 ans ; pour ceux qui consomment entre 200 et 350 g d’alcool par semaine, l’espérance de vie est réduite de un à deux ans. Enfin pour ceux qui dépassent les 350 g par semaine, l’espérance de vie est réduite de 4 à 5 ans.
A l'objectif, la France peut gagner 2 ans d'espérance de vie
C’est la raison pour laquelle ces chercheurs recommandent de ne pas dépasser les 100 g d’alcool par semaine. Ils ont, de fait, constaté que pour les hommes consommant 196 g d’alcool par semaine, soit un chiffre très proche de la consommation moyenne observée en France, la réduction de ce taux à 100 g permettait de gagner un à deux ans d’espérance de vie à l’âge de 40 ans.
Il est important de rappeler qu'en France, chaque année, entre 40 000 et 50 000 décès sont liés à l’alcool.