Un protocole de dépistage a été mis en place par mesure de prévention au lycée Jacques-Amyot à Melun (Seine-et-Marne), où des cas de tuberculose ont été déclarés ces derniers mois. Tous les patients ont rapidement été pris en charge par la cellule de lutte antituberculeux (Clat 77). Dernièrement, une adolescente du lycée de Villeneuve-le-Roi, dans le Val-de-Marne, a également contracté la tuberculose. Près de 75 personnes de son entourage, dont des élèves et des professeurs, ont subi un test de dépistage le 11 avril.
Selon Santé publique France, une centaine de cas de tuberculose sont déclarés chaque année en Seine-et-Marne : 107 en 2013, 147 en 2008 et 127 en 2015. De façon générale, l'Ile-de-france est la région du pays la plus exposée : 1758 cas pour 100 000 habitants ont été recensés en 2015, sur un total de 4538 cas déclarés en France métropolitaine. Un taux en baisse puisqu'on comptait 2348 cas pour 100 000 habitants en 2004 dans la région et 1912 en 2010.
Qu’est-ce que la tuberculose ?
La tuberculose est une infection liée au bacille de Koch (Mycobacterium tuberculosis) qui touche en priorité les poumons, mais pas seulement. Cet agent bactérien est transmis par voie aérienne, via les gouttelettes contaminées par la bactérie, qui sont en suspension dans l’air expiré par les malades, en particulier lors de la toux. Les déplacements de populations (voyageurs, réfugiés) ont largement contribué ces dernières années à la dissémination de la maladie dans le monde. Dans les pays occidentaux, la tuberculose est surtout fréquente chez les sans-abri et les immunodéprimés (SIDA et malades sous traitements immunosuppresseurs).
Non, la tuberculose n'a pas encore disparu
On pense, à tort, que la tuberculose est une ancienne maladie qui a disparu. L’inculture autour de cette pathologie pousse les gens à confondre l’infection (inoffensive dans 90% des cas) et la maladie elle-même. "Un tiers de l’humanité, soit 2 milliards d’individus dans le monde, est infectée par le microbe de la tuberculose, nous explique le professeur François-Xavier Blanc, chef du service de pneumologie du CHU de Nantes et spécialiste de la tuberculose. "C’est-à-dire qu’ils ont déjà rencontré le microbe de la tuberculose et qu’il dort en eux".
Mais 90% des personnes infectées ne ressentiront jamais aucun symptôme et n’en sauront jamais rien. "10% d’entre elles, précise le médecin, présentent en revanche un risque de développer la maladie, parce que le microbe va se réveiller. Lorsque c’est le cas, on dépiste l’entourage du patient pour trouver le cas annexe, le sujet porteur. C’est ce que l’on appelle 'l’enquête autour d’un cas', l’apanage des centres de lutte anti-tuberculose".
Un dépistage de tous les « sujets contacts »
Le protocole de dépistage proposé par le Centre de Lutte Anti-Tuberculeux de Seine-et-Marne (Clat 77) consiste en un test tuberculinique (IDR) et un examen radiographique des poumons pour toutes les personnes qui ont été en contact récemment avec les malades. Le risque de contamination augmente, en effet, avec la durée du contact avec le malade et sa proximité : ce sont donc les contacts proches qui sont concernés.
Le protocole de dépistage consiste en une petite piqûre au bras et une radiographie des poumons. La piqûre, qui n’est pas douloureuse, est une « intradermo-réaction à la tuberculine » (IDR), qui consiste en l’injection dans le derme de la peau de 0,1 ml de tuberculine purifiée à 10 unités. Les enfants seront ensuite revus pour voir si une réaction inflammatoire locale apparaît 48 à 72 h plus tard. La radiographie pulmonaire recherchera des « opacités anormales » sous formes de « nodules » ou des « cavernes » en cas de tuberculose.
En cas de test IDR positif (élévation rouge de la peau d'au moins 10 mm) ou de radiographie montrant des anomalies, d’autres tests seront réalisés et un traitement antibiotique sera mis en place pour traiter la maladie.
Un traitement au cas par cas
Dans le cas d’un écolier porteur de la maladie, le protocole veut que l’on dépiste sa famille, ses proches, ses enseignants, sa classe, notamment les élèves assis à ses côtés. Mais souvent on trouve des infections, non des maladies. En somme, on peut dépister des gens qui ont été en contact avec le patient, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont eux-mêmes malades. En fonction du dossier, on analyse les contacts, des plus rapprochés aux plus lointains. Si on trouve des cas dans les proches, on élargit le cercle. Si rien n’est détecté dans la famille et la classe du petit garçon, on ne dépiste pas toute l’école, puisque les gens qui étaient les plus à risque n’ont rien.